par Kirjava » 30 Déc 2016, 11:00
Les œuvres "classiques"... Déjà, la définition du terme est loin d'être simple. Au sens strict, une œuvre dite classique est une œuvre appartenant au mouvement du classicisme, donc de la fin XVIIème - début XVIIIème si je ne me trompe pas. Mais, comme tu l'as très justement signalé, aujourd'hui on parle de "littérature classique" aussi bien pour désigner Montaigne que Zola, Balzac que Corneille, j'ai l'impression. En gros, toutes les œuvres "un peu vieilles quand même" qu'on nous fait lire au lycée ? Dans ce cas, où placer Françoise Sagan, Sartre, Camus, auteurs du XXème et qui sont plutôt modernes ? A moins qu'une œuvre classique soit une œuvre absolument incontournable ? Je suppose que chacun a sa propre perception de ce qu'est une œuvre "classique". Pour ma part, étant assez puriste, je réserve le terme "classique" aux œuvres du mouvement classique. Mais je ne nie pas que certaines œuvres littéraires antérieures ou postérieures à ce moment sont des classiques de la littérature - bravo à celui qui arrive à suivre.
En ce qui concerne mes goûts, étant une grande fan de littérature française, j'ai lu un peu de tout, et j'aime à peu-près tout. J'avoue que j'ai un peu plus de mal avec la littérature contemporaine française, style Musso, même si évidemment je ne doute pas qu'il y ait auteurs très bons, et puis ça dépend des goûts, je suppose. J'ai lu un peu de littérature étrangère, Steinbeck, Shakespeare, Dickens, Christie, Zweig, London, Carrisi, Orwell, Stephen King, Amos Oz... On parler d'aimer un peu de tout, ah ah, là ça va d'œuvres anglophones à des œuvres israéliennes, c'est dire. A un moment de ma vie, il y a trois-quatre ans je dirais, j'adorais les romans policiers, ce qui fait que j'ai lu pas mal d'auteurs étrangers, scandinaves notamment... Celui qui m'a plus le marqué, et qui je pense est un monument de la littérature policière, c'est Stieg Larsson, avec sa trilogie Millénium. Mais comme dit plus haut, c'est surtout la littérature française que j'affectionne depuis mes treize ans - pas par un quelconque chauvinisme, rassurez-vous.
Donc j'ai eu de la chance, j'ai toujours adoré les œuvres qu'on nous faisait lire au collège/lycée. Corneille, Racine, La Fontaine, Musset, Zola, Anouilh, Balzac, Hugo, Sagan, Ionesco, Camus, Flaubert, Molière, Sartre, Gide... La liste est longue, après si je ne devais en conseiller que quelques-uns, mes "auteurs classiques au sens impropre du terme" à moi :
- Zola : parce que Les Rougon - Macquart c'est juste énorme (dans tous les sens du terme), très honnêtement je crois que je n'ai jamais ressenti autant de plaisir qu'en lisant un Zola. Bon, il y a des descriptions, certes, encore que dans certains, comme Germinal ou La débâcle, ça n'est pas si "choquant" que ça - après bon moi j'adore les descriptions zoliennes, donc je ne peux pas juger. Sinon, bon, des personnages hyper creusés, des touches lyriques quand même par moment, beaucoup d'informations sur le contexte historique etc - par exemple dans La débâcle, vous avez la défaite de Sedan et l'épisode de la Commune. Bref, je pense que Zola peut-être considéré comme un auteur "classique", et qu'il n'est pas à louper.
- Robert Merle : parce que Fortune de France, c'est canon. C'est relativement moderne, vu que le premier tome a été publié dans les années 1970, mais l'histoire qui nous est racontée remonte au XVIème siècle... Donc aux guerres de religions entre catholiques/protestants. Je crois que c'est relativement méconnu, et c'est dommage, parce que tout en adoptant un style "d'époque", Merle arrive à conserver un style très léger et très compréhensible. Là encore, les personnages sont très intéressants, de Pierre, noble huguenot qui ne se sépare pas de la médaille que sa mère, catholique, lui a léguée, à Samson, protestant très très (...) très pieux, en passant par Miroul, un valet futé et malicieux et beaucoup d'autres. Beaucoup de détails historiques, aussi : par exemple, le troisième tome décrit le massacre de la Saint-Barthélemy ! Dans le deuxième, on a aussi une description du quotidien des Juifs de l'époque... Je recommande très chaudement cet auteur !
- Musset : parce que ses œuvres me font pleurer (#madeleine). Plus sérieusement, ses œuvres m'ont toujours beaucoup émue, que ce soit à propos de l'amour, de l'amitié (cf. Les caprices de Marianne), ou même de la religion, au sujet de laquelle il dit de nombreuses choses. Une de mes préférées est On ne badine pas avec l'amour, après je pense que toutes ses œuvres valent le détour.
Ce sont les trois que j'aime le plus, mais j'aurais pu citer également Victor Hugo - ai-je besoin de le présenter ? -, avec L'homme qui rit, Les Misérables ou encore Notre Dame de Paris, mais aussi ses poèmes et ses pièces, Une vie, de Maupassant, que je trouve très émouvant comparé aux autres écrits de cet auteur que j'ai eu l'occasion de lire... Ionesco, bien sûr, avec Le roi se meurt qui est magnifique. Anouilh, dont j'avais adoré La sauvage et Antigone, Sartre pour Les mains sales et Huis-clos, et beaucoup d'autres, Flaubert, Balzac et aussi Marivaux, Molière, Corneille, Racine, Choderlos de Laclos, Saint-Augustin, Baudelaire ... Mais je pense que vous connaissez. Et oui, j'aime beaucoup beaucoup les XIXème et XXème siècles. Bref.
Concernant la "mort" de la littérature classique... Je pense qu'on ne peut pas se prononcer. C'est sûr, de nos jours, plus personne n'écrit, je pense, à la manière de Racine, ni même à la manière de Balzac - à ce que je sache, mais si vous connaissez des auteurs qui écrivent ainsi, dites-le moi, je serais ravie de les lire ! Mais peut-être qu'un jour, cette "mode" reviendra ? Peut-être aussi que les œuvres publiées de nos jours seront considérées comme des "classiques au sens impropres du terme", je pense notamment à Harry Potter qui fera sans doute postérité, mais aussi à des auteurs contemporains étrangers que j'ai cité plus haut (King, Carrisi, Oz...) dont on parlera peut-être longtemps, comme on parle aujourd'hui de Camus ? Des auteurs français aussi, peut-être, mais comme dit plus haut je ne connais pas trop nos contemporains. Ou peut-être pas. On a déjà vu des auteurs ayant beaucoup de succès de leur vivant, et dont on ne parlait plus un demi-siècle après leur mort. Cela évoluera aussi en fonction de l'importance donnée à la littérature... Est-ce qu'en classe, on étudiera toujours des "classiques" dans cinquante ans ? Est-ce que certaines personnes auront toujours du goût pour la littérature ? Je ne pense pas que le classique soit mort, du moins pour l'instant - mais il le sera peut-être, je ne sais pas.