par Sentry » 14 Mar 2011, 22:43
Rose de Tatiana de Rosnay
“Au nom de feu mon époux, Armand Bazelet, qui naquit, vécut, aima et mourut dans notre maison rue Childebert, je ne me rendrai jamais.” Rose Bazelet.
Voici la dernière phrase d’une lettre que Rose a adressée au baron Haussmann, qui fait démolir nombre de quartiers de Paris pour les moderniser. Nous sommes sous le Second Empire. Rose s’est engagée, aux derniers souffles de vie de son mari, à ne pas abandonner la lutte contre les expropriations que subissent les habitants du quartier et à ne pas quitter leur maison. Elle vient de recevoir sa lettre d’expulsion, et malgré la proximité de l’église, les maisons alentour seront démolies. Ainsi lorsqu’elle apprend que le jardin du Luxembourg va être détruit, lui aussi, et que les cimetières seront délocalisés, c’est comme si la fin du monde était proche. Elle se mobilise avec quelques riverains pour rencontrer les responsables de ses horreurs et tenter quelque chose d’efficace…
Mais ce magnifique roman, où l’on se promène à travers les rues parisiennes, n’est pas que l’histoire de la disparition d’une maison, d’un quartier, c’est aussi un roman sur la fidélité, l’amour, l’amitié et sur la mémoire. Avec la démolition de leur demeure, c’est la boîte de Pandore que l’on ouvre, et toute leur histoire qui disparaît : la naissance d’Armand, son amour avec Rose, la naissance de leurs enfants, puis le décès d’Armand et enfin sa lutte contre la destruction jusqu’à la mort.
De très beaux personnages peuplent cette histoire. Il y a Alexandrine, la fleuriste qui apprend à Rose à reconnaître les fleurs, tout en passant des après-midi entiers à coudre et bavarder dans la boutique. Il y a aussi monsieur Zamaretti, le libraire, qui initie Rose à la lecture des grands auteurs comme Flaubert, Baudelaire, Zola, Balzac et quelques autres. Mais il y a aussi et surtout Paris, notre belle capitale que l’on chante dans ces pages. Ce Paris disparu avec ces petits métiers, ses fiacres… Au fil des pages, l’effondrement des murs se rapproche inévitablement ainsi que la fin d’un siècle.
C’est un roman magnifique que vous aller découvrir. Sur le mode épistolaire, Tatiana de Rosnay a su faire revivre les gens de l’époque ainsi que leur quartier et termine son roman avec brio.