par Blondie craqu' » 11 Jan 2016, 00:17
[align=justify]Chers amis,
J'apporte moi aussi mon avis, car malgré de nombreuses analyses il reste quelques point sur lesquels j'espère pouvoir donner un autre éclairage.
Tout d'abord, comme il se doit, Tara. Elle est évidemment présentée sous un jour beaucoup trop flatteur et paraît trop parfaite et il est donc plus difficile de s'y identifier. Pourtant elle a une pointe de cynisme fort appréciable, souvent utilisé auprès des "méchants". Je ne m'attarderai pas sur ce personnage car il serait ennuyeux d'y passer encore du temps.
Pour Cal, il y a en effet beaucoup à dire. Je ne dirais pas comme certains que son changement de personnalité est sans fondement. Non, il y a une rupture très nette avec la mort d'Eleanora (Au passage je souligne l’exaspérant dénigrement des sentiments qu'il a eu pour elle. Je suis désolée mais entre sa réaction lors de sa mort et la froideur avec laquelle il porte un regard rétrospectif sur cette expérience il y a là une incohérence qui me glace le sang) . Je suis aussi tous ceux qui louent l'ancienne amitié qui le liait à Tara. Bien que je regrette ses changements physiques je les voient aussi comme une transposition des bouleversements corporels des adolescents qui comme vous devez le savoir n'en ravissent que très peu. Pourtant il aurait suffit de le faire plus grand, des muscles plus développés ? Soit, qu'il en soit ainsi. Le problème est exactement le même qu'avec le développement du personnage de Tara, j'ai nommé la démesure. Il y a un excès de l'usage de l'idéal. Ce qui enlève une certaine humanité aux personnages qui perdent en vraisemblance. Il devient un jeune homme idéalisé, tel un mannequin pour les pubs de dentifrice ou de shampoing. Et cela le rend aussi moins attachant. Aussi sa personnalité suit irrévocablement la pente tragique du fantasme jusqu'à tomber dans le gouffre de l’effacement radical. En clair il n'a plus autant de personnalité qu'au début. Ce qui a plu aux lecteurs était son air mutin, sa tête de lutin, une joie de vivre, une capacité au rassemblement des êtres qu'il aime par l'humour, et un courage teinté d'inconscience. Mais bien sûr il doit mûrir, et je ne trouve absolument rien à redire à cela. Non le problème c'est qu'on ne le reconnaisse plus. Mais surtout que ce qu'il est soit réduit à une fonction, être le petit-ami de Tara. Il n'est plus l'ami qui pour se différencier des autres possède une personnalité développée mais en vient à ne plus qu'animer un statut. Il devient le stéréotype du Prince Charmant. Cependant nous de sommes pas dans un conte demandant des archétypes.
Vous l'avez aussi souligné, le Magicgang s'étiole désespérément. Certes cela exprime les distances qui se créent avec l'âge et le parcours de chacun. Mais la force de la saga se puisait dans la force de l'amitié et du dynamisme du petit groupe. Et ce n'est que très timidement que le dernier tome rappelle à nos mémoires les personnages complexes qu'ils étaient. Mais en cela je vois une amélioration, tous bénéficient d'un passage où l'on évoque leur pensée. Songez à Moineau qui montre un regard critique et inquiet pour Cal, à Sylver, mature et confiant, à Fabrice qui mine de rien imagine de nouvelles charades. Il n'y a que Fafnir qui sort moins du lot pour cette fois-ci. Si je comprend la nécessité d'une séparation temporaire je comprends moins pourquoi les transformer tout comme Cal en faire-valoir.
Il n'y a que Robin qui trouve miraculeusement grâce à mes yeux. C'est un personnage qui a dès le début un potentiel énorme. Un elfe déjà, ce qui permet des scènes à la Legolas-qui-regarde-pensivement-l'horizon et à la Legolas-sort-des-phrases-tellement-lyriques-que-trait-comique-se-mange-avec-délice. Si j'ai évidemment boudé sa niaiserie elle m'était pourtant mille fois plus plaisante que celle de Tara parce qu'elle allait parfaitement avec l'intelligente caricature du personnage. Avec le recul c'est le fait qu'ils soient tous les deux des guimauves sur pattes qui me déplaisait, un sur deux aurait été amplement suffisant merci. Surtout, la perle, son hybridité ! Tellement de bonnes choses à dire dessus: la complexité que cela apporte au personnage et qui le sort de la simple image d’Épinal que nous nous faisons des elfes, la possible identification pour le lecteur, l'importation d'un discours de tolérance (très présente dans le livre mais ici véritablement personnifiée). Une évolution très bien cernée, entre le désir, le respect (excessif pour la dose de comique), la déception suite à l'annonce du sort, l'erreur, le repentir, l'échec, la jalousie... Et là même un petit mot sur le premier amour. Même si l'on garde toujours le côté chevalier servant pour la caricature. Il porte aussi le drapeau des incorruptibles croyants en l'amour d'anthologie.
Je passe sur cet apparent besoin irrépressible de mettre tous le monde en couple quitte à en créer certains comme on sort un lapin d'un chapeau. Notons que désormais tous nos petits camarades du Magicgang sont finalement casés.
Pour Selenba les derniers tomes offrent un revirement fort appréciables et je n'ai rien à redire sur ce personnage que j'apprécie depuis le début. Quant à Magister, certes, le discours de "je suis le grand méchant, l'ennemi plublic n°1" devient faiblard et qu'on n'a plus vraiment de scènes chez les sangraves, je n'y peux rien j'aime toujours autant ce personnage. Alors à certains de pointer son ridicule du doigt, à moi de l'apprécier pour cela et de le voir plus comme un fou psychopathe (et donc dangereux parce que si il peut quand même décider de faire péter un truc avec des gens dedans parce qu'il en eu envie au peit-dèj) que comme un méchant effrayant par sa froideur machiavélique et infatigable.
Bref, voilà.
PS: Ah si, j'adore absolument Mara, Archange aussi, très intéressants tous les deux. Elle a gagné en maturité (dans le sens où elle fait moins fillette). Même si la demande en mariage n'est pas forcément un passage obligé, je suis à 200% pour leur couple. C'est un peu un "feel good couple" si vous me permettez l'expression.[/align]