par loéva-mat » 21 Nov 2013, 15:16
Hey, allez, je commence !
Déjà pour commencer je précise que je ne suis pas amatrice des fanfictions, je n'en lis jamais et j'ai toujours trouvé qu'il était dommage que de potentiels bons auteurs "perdent" du temps en travaillant sur un monde créé par quelqu'un d'autre au lieu d'exercer leur créativité personnelle. Après tout quand on apprécie un livre c'est souvent pour les personnages et l'univers autant si ce n'est plus que le style d'écriture, d'autant plus pour la fantasy.
De fait j'étais plus ou moins sceptique à l'annonce de ce projet. En parallèle j'étais aussi très enthousiaste pour Thomas et gonflée de fierté *Loéva s'envole*. Puis bon, je me disais que tout ça était parrainé par Sophie et l'histoire semblait bien éloigné de Tara pour éviter des incohérences...
Et bien sachez que La Danse de la Licorne m'a complètement enchanté !
Déjà, d’une façon générale (et j’y reviendrai), l’histoire est captivante et très bien écrite avec toute une technique scénaristique très bien menée qui m’a transportée vraiment loin dans l'univers de Tomlou. Son univers, qui est celui de Sophie mais que qu'il a réussi à animer et à épaissir d’une façon, à la fois très « SAM » et revisitée. C'est un mélange parfait de nouveauté et de "classicisme AutreMondien" - bref' si on aime le style des Tara (surtout les premiers) celui de Tomlou dans ce récit ne peut qu'enchanter.
En tant que taraddict, ayant épluché de nombreuses fois les tomes et m’étant familiarisé avec ce monde si riche et plein de surprise, la lecture de ce livre a comme ouvert d’autres portes, tout à fait cohérentes, sur cet univers qui s'en est retrouvé agrandi et enrichie d'une façon très agréable, subtile et intelligente.
Il y a vraiment un côté intime à la lecture, un sentiment d'initié : savoir déjà de quoi on parle (les Thugs, Omois, AutreMonde, les Vampyrs, les elfes violets, les vaches) mais découvrir encore plus que ce à quoi on pouvait s’attendre « théoriquement ».
[spoil]Assister à cette réunion d’urgence avec tous les ministres Omoisiens, Elseth, Lisbeth (qui, je rêve, a quand même traitée une autre fille de crâneuse…, voilà un élément qui pourrait tout à fait devenir culte) c’était comme assouvir un rêve, découvrir tous les « à-côtés » qui ne peuvent être que brièvement évoqués dans Tara (avec qui on assiste à des réunions qui finissent souvent en bain de sang ou en déclaration de guerre –quand Tara ne se transforme pas en monstre ou ne transforme pas les autres en… choses-).[/spoil]
J’ai trouvé que l’équilibre entre les clins d’œil à la série originale (les personnages, les lieux, les notes de bas de page, etc.) et l’autonomie de cette nouvelle aventure était géré d’une façon magistrale. Ça ne sentait pas la fanfiction (de ce que j'en sais pour ce que j'en ai lu), strictement réservée aux grands fans du livre d’origine, qui s’appuie sur du déjà vu uniquement pour prolonger des expériences littéraires déjà vécues mais ça jouait de ces émotions premières pour aller encore plus loin.
Du coup ça donne une épaisseur et un sacré coup de sérieux au livre, ce qui est plus qu’agréable.
Parlant d’équilibre celui entre le sérieux d’un scénario bien ficelé autour d’une myriade de personnages plus intéressants les uns que les autres, chacun détaillé en grande finesse, et une approche parfois burlesque [spoil](je pense notamment à la répétition des ennemis surgissant dans le dos des autres dans le salon de Cornélius, tous à la recherche des Mémoires)[/spoil]qui fait penser au théâtre ou à une exagération de scènes de films classiques était tout aussi agréable. C’est aussi quelque chose qui caractérise l’univers de Sophie, une incroyable cohérence doublée d’une fantaisie qui ne s’impose pas de limite. Bref’ ça marche, ce n’était pas trop « gros », ou disons si mais c’était assumé alors ça passe comme une lettre à la poste et ça fait vraiment bien rire, ça correspond tout à fait à l’ambiance d’AutreMonde telle que je me la figure (et ça donne une sacré leçon d’écriture, on peut se permettre quelques bizarreries humoristiques qui ne seraient pas crédibles hors contexte et convaincre quand même le lecteur que ça se passe bel et bien comme ça et que c’est tout à fait naturel).
J’en viens aux personnages. C’est tout à fait autre chose de découvrir AutreMonde et ses merveilles du point de vu de personnages tout à fait… ordinaires [spoil](du moins en apparence, héhé, je m’arrache un peu les cheveux sur Nina, mais qui est-elle ?)[/spoil]. Bon avec Tara qui, jusqu’à sa rencontre avec son fantôme de père, ignore tout de son rôle il y avait aussi un peu cette idée mais le personnage même fait qu’elle est, indéniablement, une héroïne. Là, dans La Danse, on se retrouve avec une humaine en apparence tout à fait banale, propulsée dans un univers de dingue alors qu’elle n’en a peut-être pas les épaules, un guerrier-héros vénal [spoil](tout du moins au début)[/spoil], un fantôme sympathique [spoil]qui se révèle en fait un tantinet mesquin et très maladroit (maladresse provocant quand même des résultats pour le moins définitifs pour certains)(et même plus encore, j’ai complètement craquée pour Théophile et Cornélius, et Nina m’a permis de me retrouver moi-même, c’est un très bon personnage pour rentrer dans l’histoire –de mon point de vu de jeune fille en tout cas)[/spoil] et leurs caractères bien à eux amènent des situations délectables [spoil](« Trond’or, une jouvencelle te résiste. » m’a fait mourir de rire et j’ai dû le répéter une quinzaine de fois dans la journée, de même les interventions de ce personnage sont géniales)[/spoil]
[spoil]Nina gagne vraiment en épaisseur au fil des pages et m’a surprise un peu plus à chaque fois. Grâce à ce personnage je réalise que les Non-Manipulables sont en fait très intéressants, potentiellement dangereux et une vraie mine de rebondissements possibles. Leur existence n’est pas vraiment mise en avant dans TD et là ça a vraiment été l’occasion pour moi de découvrir l’une des nombreuses pistes seulement ébauchées dans TD. Jusqu’à présent les NM étaient pour moi des personnages un peu insignifiants, aussi embêtant qu’un caillou dans une chaussure, pas de quoi en faire un plat. Nina prouve ici qu’ils peuvent être de véritables atouts (ou de vrais problèmes, selon le point de vue).[/spoil]
L'histoire est très bien rythmée, les évènements découlant de la rencontre entre les différents personnages (vous savez ce truc où on suit chaque personnage et peu à peu on réalise qu'ils vont au même endroit et risquent de se croiser / se bastonner un peu au passage / et on en frémit d'avance).
La découverte de l’AutreParis, et plus globalement de Paris par un live portant sur l’univers de Tara, a été d’une grande poésie toute en finesse et en surprise. Reconnaître les lieux, découvrir une autre réalité m’a fait rêver. Les descriptions des espaces et des ambiances m’ont semblé juste et j’avais à chaque fois une image assez nette des lieux
Ce rapport à la réalité fonctionne aussi très bien avec les clins d’oeils assez nombreux à notre quotidien, de petits détails qui demandent une certaine culture générale et sont distillés tout au long du tome rajoutant cette dimension intime qui m’a tellement plu dans ce livre, sorte de deuxième niveau de lecture (mais peut-être en est-on déjà au troisième ou quatrième niveau ?).
Les courses poursuites, les dialogues, les combats, j’ai été entraînée presque à chaque fois à la suite des personnages, m’interrogeant, stressant, et craquant pour l’un ou l’autre protagoniste avec eux. Bref’ pour moi ça marche de ce côté-là.
Les citations de textes réels ou imaginaires introduisant chaque chapitre m’ont énormément plu, j’ai toujours trouvé l’idée très intéressante dans les romans utilisant cette approche (comme ça là tout de suite je pense à Robin Hobb et son Assassin Royal) qui donnent une piste concernant le chapitre à venir, éclairent un point important de l’intrigue et sont tous de petites mines en eux-mêmes, alternant le sérieux d’un compte-rendu de séance ministérielle à la plume libre d’un journal intime en passant par des extraits plus loufoques de blagues ou même d’une publicité (j'étais ébahie). Là aussi, pour la taraddict que je suis, c’était de véritables petits bijoux, des textes-objets de collection.
Finalement ce livre fonctionne comme un objet de collection, avec un approfondissement de certains points laissés flous dans la série de Tara Duncan, des protagonistes nonsos pour certains des plus importants, des renvois perpétuels à AutreMonde bien que quelques chapitres à peine nous emmènent sur la planète magique. [spoil]Le personnage même de Cornélius pourrait être une version amplifiée d’un taraddict : passionné de lecture, très au courant des us et coutumes autreMondiens bien que n’y ayant jamais mis les pieds, secoué par sa rencontre avec ce monde merveilleux … bref’ Cornélius est un taraddict avant le nom qui s’ignore.[/spoil]
Et malgré tout je pense qu’un non-lecteur de Tara pourrait prendre beaucoup de plaisir à lire ce livre, les indications et explications fondamentales étant tout de même assez nombreuses. Une partie du charme du roman n’opérerait pas mais tout de même, à mes yeux l’histoire et les personnages restent bien assez intéressants et abordables pour un non-initié.
Qui plus est, et là j’aborde un point plus personnel dans mon rapport à ce livre, j’ai vu toute une série de reportages il y a peu sur l’Ecole de l’Opéra de Paris, j’ai étudié l’Opéra Garnier en cours, j’ai commencé les cours de cirque au mois de Septembre… bref’ c’était comme une série de nombreux hasards m’amenant à la lecture de ce livre. Très rapidement j’ai mis de la musique classique en fond sonore, emportée par l’ambiance générale, ça aurait été frustrant de ne pouvoir entendre les symphonies évoquées. J'ai dévoré le tome en moins de 48h, me forçant à aller au lit à 4h du matin passé.
Plus globalement ce livre m'a transporté tant pas sa qualité, son inventivité, sa magie, son humour que par sa portée symbolique très forte car écrit par un taraddict de la première heure qui a su se réapproprier l'univers de Sophie sans rien dénaturer. Je le conseille vivement à tous - c'est un petit bijoux ! Il ne cherche en rien à être une réponse à toutes les questions posées par Tara Duncan mais creuse son propre chemin et élabore ses propres références. La lecture est passionnante, agréable, fluide et entraîne le lecteur dans une série d'évènements rocambolesques à la suite de personnage attachants et très humains. A la lecture du résumé on ne s'attend pas du tout à la profondeur de l'intrigue et l'environnement de la danse peut laisser perplexe... alors qu'il offre un cadre tout à fait intéressant à l'histoire (et totalement justifié).
Je ne peux que vous souhaiter une très bonne lecture !
[spoil]« Na descend ! Na d… NA REMONTE ! NA REMONTE ! » - il n’y a pas de mot pour décrire mon hilarité à ce passage.[/spoil]
Tout ira bien