par loéva-mat » 09 Fév 2013, 23:24
Je ne fume pas et ayant passé mon enfance à tenter de convaincre mon grand-père grand fumeur d'arrêter ça m'a laissé complètement désintéressée de la chose (et du haut de mes 5 ans je lui donnais aussi des astuces comme boire du lait... parce que les deux tuyaux qu'on a dans le corps se croisent et si on boit du lait ça coupe la fumée de cigarette... oui oui oui, je me demande bien ce qu'il pensait de tout ça, en tout cas il était sympa, il ne s'est jamais moqué de moi).
Militante je l'étais plus ou moins.
J'ai vu un super reportage sur Arte il y a quelques mois qui remettait convenablement les pendules à l'heure concernant le tabac et la vision qu'en avait la société.
Ou comment tout à basculer plus ou moins soudainement et où la cigarette, qui était fumée par tout le monde, partout, tout le temps peu importe l'heure, le lieu, l'âge, la classe économique ou sociale est devenue l'ennemie public numéro 1 (ou presque).
Bon en gros pendant des années il y avait des tas de pubs qui vantaient les avantages du tabac et c'était l'un des éléments démocratiques de base. Les gens fumaient, ça les rapprochait. Les intellectuels fumaient, les politiques fumaient, les ouvriers fumaient et les femmes fumaient. Ça fumait sur les plateaux télé, dans les bars, chez les gens.
Puis, toujours en simplifiant les choses, il s'est trouvé que notre société à pondu un nouvel idéal : la santé et la pureté !
Alors ça y va des produits ménagers qui tuent 99,9% des bactéries (alors que le corps humain est lui-même composé d'une multitude de bactéries), ouste la poussières, les acariens, bonjour les plantes vertes (quoi que... telle étude à dit que...), la nourriture sans pesticide, les gel douche sans savon, sans paraben, sans ... et sans ...
Et alors là, la cigarette, grande copine de presque tout le monde, est devenue l'ennemie à abattre.
Tant est si bien qu'aux Etats-Unis certaines entreprises peuvent licencier leurs employés s'ils fument et que les assurances santé s'enquiert de votre consommation de tabac. Un fumeur est aujourd'hui, au mieux, un malade ou alors un fou qui ne comprend rien.
Peut-être qu'un jours on s'acharnera sur le nutella et nous, profondément accro, on sera montré du doigt comme des idiots presque bon à jeter dehors (et même qu'on devrait faire payer les frais de santé à ceux qui fument parce que hein, oh ! Ils savaient ce qui allait leur arriver).
Alors qu'on s'entende, je suis contre le tabac mais je pense qu'il faut prendre conscience que si on est contre c'est parce qu'on est élevé aujourd'hui pour être contre et que, globalement, tout le monde condamne la consommation de cette drogue douce - même les consommateurs eux-mêmes ne connaissent dans leurs rangs que de rares consommateurs heureux (passé les années/semaines/mois d'insouciante consommation).
Je ne remet absolument pas en doute la nocivité de ce produit qui, en plus d'avoir des effets directs sur la santé, en provoque également indirectement (en rendant parfois insensible à certains traitement médicaux : pour la polyarthrite rhumatoïde par exemple -maladie génétique dont est victime mon grand-père- qui déforme les articulations et flingue le système immunitaire il existe aujourd'hui un traitement ... qui perd sensiblement de son efficacité chez les fumeurs. Sinon l'exemple de la pilule contraceptive est également flagrant puisque les risques d'effets indésirables son multipliés.). Et, comme vous l'avez souligné, un fumeur, à moins de partir fumer sur le sommet d'une montagne abandonnée, n'est pas le seul concerné par la fumée. Et aujourd'hui on sait que fumer près d'une fenêtre ou même dans la rue ne diminue pas drastiquement les risques du tabagisme passif. Même si l'odeur semble atténuée les particules sont bien présentes et pas forcément moins nombreuses (comme le démontre les récentes études faites à l'aide de ... machines calculant les particules dans l'air à un endroit donné).
Et si on peut féliciter l'interdiction de fumer dans les lieux publics et les restaurants il faut quand même souligner qu'il existe encore plein d'incohérences au niveau du gouvernement et du parlement européen (ou les conflits d'intérêt sur le sujet du tabac son nombreux et où les politiques de préventions ne sont pas toujours efficaces...).
Mon copain fume, très rarement mais il fume. Il sait que c'est mauvais mais a justement conscience que, même si c'est vrai, c'est une sorte de discours "bien pensant" qu'il rapproche des autres du type "il faut devenir un homme utile pour la société", "ne jamais dire un mot plus haut que l'autre", etc. D'ailleurs, comme il sait que je suis contre, il lui arrive parfois de fumer plus quand on s'est disputés.
Et si quelque chose l'a particulièrement ennuyé quand il venait de commencer c'était les conseils des fumeurs qui le mettait en garde. Il n'appréciait pas du tout d'entendre des gens qui profitait (de ce qu'il considère comme quelque chose de pas trop mal) lui dire de ne pas le faire. Un seul fumeur à eu l'honnêteté de ne pas lui faire de leçon de moral car il ne se sentait pas dans le droit de le faire.
A la fac beaucoup de personne fument. Idem au lycée et je sais que certains commencent très tôt.
Je ne crois pas que les discours du type "ça ruine la santé", etc. fonctionnent sur les gens qui hésitent à un moment donné à fumer. Tout le monde le sait, dès l'école primaire, et les fumeurs n'ont pas été épargnés de ces discours et ne sont pas "hors du monde" - ils savent ce qu'ils risquent (mais comme on sait ce qu'on risque en prenant la voiture, en mangeant gras, etc. on sait sans vraiment savoir. Il y a un écart entre savoir ce qu'on risque et prendre conscience que véritablement c'est dangereux). La question serait plutôt, si vous chercher à éloigner un ami de la cigarette, de chercher à comprendre pourquoi la personne fume sans la condamner directement (au contraire, vous auriez peut-être tendance à l'encourager dans son choix ce faisant).
Ceux qui cherchent la liberté (et mon copain fait parti de ceux là) oublient peut-être que fumer n'est pas être libre. Certes c'est un choix courageux mais qui entraîne une dépendance à un produit très controversé (et dont l'achat enrichit des personnes dont les libertés d'expressions et de créations ne sont pas les soucis premiers) - c'est encore plus vrai pour les drogues qui mettent en jeu des vies humaines dans le monde entier et sont liés à des réseaux de prostitutions, de marché noir et de violences.
Mais si une chose doit être certaine c'est bien le droit des non-fumeurs de n'être pas fumeur passif. Cette vision négative du tabac à cela de positif : il n'est plus ringard d'exiger qu'un fumeur s'éloigne ou n'allume pas sa cigarette dans un lieu clos (où même ouvert, si vous êtres chez vous). A quand qu'on puisse commander un verre de lait dans un bar après 22h sans accuser les regards en biais et moqueurs ? (ou quand Loéva parle de ses expériences douloureuses). Si je ne défend pas l'idée de "persécuter" les fumeurs (qui ne font rien d'illégal aux yeux de la lois) je suis totalement pour la protection des droits des non-fumeurs.
Et si on veut vraiment voir la cigarette disparaître dans les rues il va falloir penser à d'autres discours que ceux de la santé - dans tous les cas on peut difficilement imposer son retrait sans empiéter sur les droits individuels de chacun (sinon, tant qu'à faire, on rend le sport obligatoire pour tous, on interdit de manger plus de 60gr de protéines par jour/personne, on vérifie le taux de sucre dans le sang et que 5 fruits et légumes ont bien été consommés sans oublier que les antibiotiques, c'est pas automatique....). C'est très délicat comme question - où se situe la limite entre les libertés individuelles et le devoir qu'a chaque citoyen envers la collectivité ? Est-ce seulement de payer ses impôts et travailler ou être le plus "sain" possible pour n'être pas un poids ?
Et qu'en est-il des autres drogues ?
Ça soulève des questions sociétales et de vision de l'homme très intéressantes et très profondes qui se situent bien au delà du "pour" et du "contre".
Tout ira bien