par LaChevaucheuseDeVent » 24 Juin 2015, 13:58
J'ai peur de l'oubli, mais pas au sens qu'on m'oublie moi. J'ai peur d'oublier ce qui me reste des autres, principalement de ceux qui sont morts. Quand j'étais petite, je me disais que, à chaque détail que j'oubliais, la couleur des lunettes, une phrase marquante prononcée par la personne, un bout du visage floutée... ils disparaissaient un peu plus. Comme s'ils n'avaient été qu'insignifiants. Et je m'en voulais, parce que je me sentais coupable d'oublier petit à petit. Alors j'ai peur de l'oubli.
Autre peur, l'inconnu, ce qui n'est pas parfaitement réglé, prévu, certain. C'est horrible. Et c'est la cause principale de mes crises de panique. (La dernière en date ? Juste avant un temps libre en Espagne. Sur la plaza del sol. Je vous laisse imaginer.) Je stresse énormément, c'est presque maladif.
Et ma plus grande peur. Coucou Lucille. La mort.
J'ai passé des soirées entières, dans mon lit, pendant plusieurs mois, à y réfléchir, à me reveiller la nuit, à pleurer parce que j'oubliais un peu plus de ceux qui étaient partis chaque jour, en me disant que je les renvoyais au néant. Et p*tain, j'avais 7 ans et des bananes quand je suis allée chez la psy ! Bref, et ça me terrifie, de ne pas savoir ce que je vais devenir, après, de me dire que si ça se trouve on est qu'un f*utu assemblage (pour ce point, mon avis a changé depuis, enfin, bref. J'espère que vous comprenez ce que je veux dire.), et que quand notre cerveau ou notre cœur cesse de marcher, il n'y a plus rien. Qu'en fait, la vie c'est qu'un temps que t'occupe en attendant de mourir. Parce que, quoi que tu fasses, tu mourras. Je vous jure, encore coucou Lucille, ça m'en a fait faire des terreurs nocturnes. Au bout d'un moment mes parents ont compris, et hop ! Chez la psy. J'ai dessiné du feu, des chats (que j'associais à mon arrière-grand-mère) et construit un vaisseau spatial dans une boîte à chaussure, avec de la pâte à modeler, et même les habitants (une jolie "Akhinyenne" à la peau multicolore) pendant plusieurs mois. J'ai arrêté les terreurs nocturnes, mais j'ai toujours peur.
(Et puis, le suicide. Bravo maman, m'annoncer que mon grand oncle s'est volontairement tué lors de ma première séance de psy...)
Bon, en fait, plusieurs grandes peurs... Et on se ressemble énormément Lucille, je pense.