En primaire j'ai toujours eu cours pendant 4 jours et demi et j'aurais bien aimé n'avoir à me lever que quatre matin dans la semaine - mais c'est juste une question de flemme en fait ça ne me dérangeait pas plus que ça (peut-être aussi parce que j'étais à un âge où les choses sont comme elles sont et où on n'imagine pas que l'ECOLE puisse être changée).
Disons que cet allègement soulève plusieurs question : alléger la semaine, oui, tout le monde le réclame mais personne ne veut en payer le prix" :
- réduction des vacances (beaucoup d'enfant et d'ado sont bien content d'avoir deux mois (en tant qu'étudiante j'en ai 4 et je suis bien contente)) - et ça ça ne plaît pas du tout au secteur touristique qui sait que pendant juillet-août toutes les familles ou presque vont partir sur la route des vacances (ça leur assure quand même deux mois de faste /en plus ce sont les deux mois les plus chauds donc le monde entier débarque au pays - la France est la première destination touristique mondiale -) et en oubliant les deux mois d'été il y a les vacances de la Toussaint, celles de Noël, de Février et celles de pâques : autant d'occasion pour les familles de se déplacer, de prendre une semaine de congés, etc.
Et si on est découpé en "zones" c'est aussi (entre autre) pour des raisons touristiques (ça fait finalement plus d'un mois où au moins une zone en France est en vacance, donc un mois où les stations de ski sont pleines).
Puis il y a aussi des question de culture et d'habitudes où on est tous très attachés à nos vacances (mais peut-être parce qu'elles sont si salutaires après 5-6-7 semaines de cours surchargées).
- Mise en place d'activités extra-scolaire : faut trouver des profs d'art, de sport, de musique, d'informatique... bref' assurer que chaque école puisse proposer TOUS les jours pendant plusieurs heures et pour plusieurs classes ces cours "lights". Actuellement les profs de musique se déplacent d'école en école pour proposer 1 ou 2h par semaine et par classe... on est très loin des modèles européens précédemment cités.Tout cela nécessite une organisation qui ne peut se mettre en place par une volonté divine et ça ne coûte pas rien, notamment pour les petites villes.
- Problème de la garde d'enfant, déjà évoquée par vos soin mais que je peux me permettre d'étoffer. J'ai de la famille en Allemagne et le problème est assez important. Les familles n'ayant pas les moyens financier pour inscrire leur enfant à des activités (on parle quand même de cinq demi journées par semaine) et qui ne peuvent pas non plus se permettre de prendre un mi-temps voir d'arrêter toute activité (pour l'un des deux parents) se retrouvent dans une impasse. C'est comme ça qu'on voit beaucoup de jeunes gamins qui, dès 11/12 ans, traînent toute l'après-midi dans la rue ou devant la télé.
En France on risque d'être confronté au même problème si on fait finir l'école à, mettons, 15h... aucun parent ayant un emplois stable et classique (sur du 8h-17/18/19h) ne peut soudainement modifier son emplois du temps pour l'ajuster sur la sortie des classes. D'autant que toutes les villes ne sont pas encore suffisamment fournies en transport en commun. Donc les villes qui n'ont pas encore de service de bus adapté vont devoir investir pour que tous les enfants puissent rentrer chez eux. Avoir des enfants est déjà considéré comme un "problème" pour certains employeurs, s'ils voient tous leurs employer filer en cours de journée il ne vont pas être ravi (mais c'est aussi parce qu'en France une journée de travail c'est du 8h30-18h au moins, dans d'autres pays la fin de journée se situe plutôt vers 16h - c'est aussi une question de culture).
Autre solution : les maisons jeunes qui commencent à se développer devant ce constat : les enfants dont les parents finissent tard où travaillent les mercredi se trouvent livrés à eux-mêmes. Ces espaces accueillent tous les enfants désirant jouer ou travailler. Là aussi ça a un coût mais ça a l'avantage d'apporter des bénéfices sur divers plans (garde d'enfant, aide aux devoirs, accès internet, développement de nouveaux groupes d'amis). Généralement les locaux sont un bâtiment abandonné et remis aux normes et les surveillants des bénévoles
Autre solution : comme pour les crèches d'entreprise on pourrait imaginer que les entreprises souhaitant garder leurs employés avec les mêmes horaires aident les communes à mettre en place des systèmes de garde cohérents et intéressants (souvent plus adaptés aux rythmes des parents / sans parler de faire garder les enfants jusqu'à 22h aux jours de réunion hein...).
Contre la réforme j'avais aussi entendu des parents séparés se plaindre du fait qu'en cas de samedi matin d'école leurs enfants ne pourraient plus se rendre chez "l'autre parent" le week-end. Et effectivement un papa (ou une maman) sensé voir ses enfants du vendredi soir au dimanche soir et n'habitant pas près de l'école ne pourra les accueillir qu'à partir du samedi midi.
Et plus globalement aller voir papi-mamie un week-end pour un anniversaire à 300km de la maison c'est tout de suite plus compliqué en partant samedi à 13h.
Mais là je parle de cas particuliers
Comme beaucoup j'aimerai bien qu'on repense un peu l'école mais sans chercher à copier un modèle. En Finlande (LE pays vraiment fier de son école où les journées sont soft, les enfants et les profs heureux, le niveau honorable, où on enlève ses chaussures en arrivant et où il n'y a pas de grilles autour de l'école) la situation économique et démographique leur permet d'appliquer un certain modèle qui ne serait pas transposable tel quel en France. Alors on peut certes s'inspirer de leur "vision" de l'école mais pas de leurs méthodes telles quelles.
Et repenser l'école c'est aussi s'assurer que tout le monde est prêt. Dans certaines écoles ils ont tenté de diviser par deux les classes de CP. Si pour certains profs ça a été l'occasion d'encadrer au mieux les enfants et de passer plus de temps sur les points sensibles d'autres n'en ont pas du tout profiter pour repenser leur approche des cours (hors on peut faire des cours plus sympa devant 15 enfants que devant 30).
Alors certes il ne s'agit pas d'attendre que 100% des acteurs tombent d'accord mais qu'au moins la réforme, quelle qu'elle soit, soit suivit.
Si l'idée d'alléger les journées c'est pour proposer des activités sportives et créatrices (qui sont tout aussi importantes au développement de l'enfant qu'un cours de maths) il faut s'assurer que la moitié des élèves ne rentrent pas à 15h pour se mettre devant la télé ou s'ennuyer seul chez eux. Si on veut des classes plus légères alors il faut que toutes ces classes en tire un maximum de bénéfice et que ce ne soit pas simplement l'occasion pour certains profs de corriger moins de copies.
Qu'on s'entende cependant je n'adhère pas au discours "prof = tous glandeurs" d'une partie de la population - j'ai juste eu très récemment des échos de cette tentative pilote de diviser certains CP en 2 qui s'est parfois soldée par un échec cuisant. Je crois vraiment que c'est un métier difficile et parfaitement honorable, mais comme pour tous les secteurs tous les acteurs ne travaillent pas de la même façon hors, pour l'éducation, tous les enfants sont sensés bénéficier des mêmes chances. Si seuls les enfants issues de familles aisées peuvent se permettre de faire du foot, de la peinture, du tir à l'arc, du dessin et du yoga quand les autres doivent se contenter de rentrer chez eux on creuse simplement l'écart déjà existant autour de la question des devoirs (avoir un papa doué en français et une maman qui connaît le corps humain sur le bout des doigts et c'est toutes les dissertations de français et les devoirs d'SVT qui sont dans la poche).
D'une façon plus générale c'est globalement aussi l'ambiance des cours qui doit être réfléchie. Mettre des enfants de 6 ans assis pendant des heures sur une chaises à écouter des cours théoriques entrecoupés d'exercices (qui peuvent parfois être mal vécu quand il s'agit d'aller au tableau et de se prendre la honte) ce n'est peut-être pas la meilleure méthode.
Comprendre que les enfants ont certains besoins (qui ne peuvent être assouvi en 30 min de récré) sans faire main-basse sur le respect et l'importance de se plier à certaines règles (s'agit pas non plus d'autoriser les enfants à se balader dans la classe quand ils veulent) et trouver cet équilibre pour éviter les gros coups de fatigue, de stress (de plus en plus présent), d'angoisse en d'ennuie.
Et pour la pause de midi... en fait je crois que c'est assez personnel comme question.
Il faut souligner que dans plusieurs établissement (surtout collège et lycée parce que les primaires ont des effectifs plus restreint) faire la queue pour manger est une perte de temps effrayante. Demander le respect de la pause de midi, avant de mettre des cours collés les uns aux autres, c'est aussi s'assurer que la pause-midi en soit vraiment une. Avec la possibilité de manger au chaud et au sec sans stress (horreur des surveillants qui voudraient imposer un rythme de mastication digne des concours de rapidité "parce qu'il y a la queue et que t'as encore 5 min, si dans 5 min t'es encore là je te vire !") et avec ses amis (j'ai connu une école où on ne pouvait pas choisir sa place dans la cantine et où une femme était là spécialement pour nous placer... le plus loin de nos connaissances / mais dans cette école la directrice était folle).
Pour l'après-repas là ça dépend. Certains ont un grand besoin de se détendre encore, d'autres seraient prêt à reprendre tout de suite pour rentrer plus tôt.
L'idéal à mes yeux seraient qu'il y ai toujours un salle aux devoirs accessibles pour ceux souhaitant rentrer chez eux le soir avec leurs devoirs faits. De cette façon ceux qui veulent se détendre le soir le peuvent et ceux qui veulent profiter de leurs amis (l'école sert aussi à ça) puissent le faire sans gêne.
Et pourquoi pas adapter tout ça aux saisons ? Quel plaisir à rester dehors pendant 1h à -2°c ? N'avez-vous jamais prié, en plein mois de janvier, que la cloche sonne "enfin !".
Et finir quand le soleil brille encore un peu dehors.
En printemps par contre, quel plaisir d'être dehors et de sortir avec le soleil (même à 18h).
Bon en tout cas je crois qu'il est vraiment temps de réformer l'école mais il faut vraiment faire attention à ne pas se tromper de chemin. Et cette réforme n'est qu'un pas de fourmis qui ne répond à rien et n'apporte aucune solution concrète.