par loéva-mat » 01 Fév 2013, 14:52
La question de "laisser le choix" aux enfants relève d'une part d'utopie. Comme si véritablement un enfant (adulte en devenir) pouvait s'émanciper des principes et points de vu de ses parents et plus largement de sa société.
Evidemment ça arrive. Très régulièrement les ado-jeunes adultes ont des avis divergents de ceux de leurs parents (avis sur le monde, la politique, l'art). Mais je rejoins cocolocoq sur le fait que d'être ouvertement athée c'est enseigner à ses enfants à ne pas croire. L'exemple de Kitty montre que ça ne fait pas tout.
Mais est-on réellement libre de ses choix ? Décider que plus tard on "permettra" à ses enfants de choisir ça veut dire quoi ?
La question devient un véritable casse-tête dans les familles qui rencontrent plusieurs confessions : vers quelle religion particulière entraîner les enfants ? N'en favoriser aucune ? Mais et celles qui ne sont pas présentes dans la famille ? Et celles qui ne sont pas visibles dans notre société occidentale ? Montrer son athéisme en critiquant les croyants c'est déjà influencer ses enfants.
C'est quoi avoir le choix en religion ?
Je suis d'une famille chrétienne non pratiquante. Ma mère vient d'une famille plutôt très pratiquante (ma grand-mère est très impliquée dans les communautés chrétiennes, va à l'église plusieurs fois par semaine, prie régulièrement chez elle, récite le bénédicité à table, et tous ces petits détails "visibles" - mariée à un juif élevé comme un chrétien [mon grand-père a été caché dans une famille chrétienne et pour éviter qu'ils ne fasse une gaffe ils ne lui ont pas révélé qu'il venait d'une famille juive - et il croyait vraiment que les juifs étaient des monstres, puisque c'était l'image véhiculée à l'époque, notamment par les nazis - je ne sais pas comment il a réagit quand il a retrouvé sa famille à la fin de la guerre]), elle allait à l'église quand j'étais petite mais à perdu l'habitude d'y aller. Elle est très discrète, du coup, récemment, j'ai été surprise de me rendre compte qu'en fait elle était croyante... alors que tout laisse supposer qu'elle n'a pas d'avis. Mon père, bien qu'élevé en milieux chrétiens, est aujourd'hui athée.
J'ai l'impression d'avoir eu le choix mais je me demande si je n'ai pas simplement suivi le mouvement actuel en France qui est de condamner les croyances en les opposants à la raison.
Sauf que la religion (chrétienne en l’occurrence) ce n'est pas simplement des histoires de paradis et de création du monde en 7 jours c'est avant tout des règles qui organisent la vie humaine et posent certaines valeurs tout en définissant l'ordre du monde, la place de l'homme, de dieux, ...
Et comme c'est une religion basée sur un livre (le Nouveau Testament) elle est écartelée pas différentes lectures (l'un d'elle a fait naître le protestantisme d'ailleurs).
Bref', aujourd'hui je ne crois pas qu'il faille souhaiter la disparition des religions au profit de l'avènement de la science. J'ai beaucoup de respect pour toutes les religions confondues.
Si je suis athée c'est plus parce que ça n'a pas de sens à mes yeux que d'aller à l'église, prier, faire des offrandes, entrer en transe,... Je ne sais pas s'il y a un dieu, des dieux, des esprits, des ancêtres qui veillent sur nous... Si à la mort il se passera ceci plutôt que cela.
Pour autant je peux comprendre que tout ceci ai de la valeurs aux yeux d'autres personnes. Finalement être taraddict (dans mon cas), c'est presque comme un remplacement à la religion : une communauté qui entre en contact et est liée par des "rites".
Ce que j'entend souvent chez les jeunes de mon âge qui font partie d'une communauté religieuse c'est qu'ils recherchent justement ce lien social.
Les religions sont partout. Même quand officiellement elles n'ont plus rien à voir avec les décisions politiques. Elles rythment nos vies, modulent nos pensées, articulent nos principes éthiques (rapport au corps, à l'amour, à la sexualité, aux autres, à soi, au monde). Parfois on pense des choses sans se rendre compte qu'elles sont imprégnées de religion.
Par exemple la prison : pourquoi cela n'émeut-il personne de savoir que l'état de prison en France est catastrophique ?
Un artiste avait proposé une série de photo et de recherches documentaires aux rencontres photographiques d'Arles en 2010. Ils présentaient des vues de cellules insalubres et expliquaient que le christianisme était plein d'évocation à la souffrance que méritent les "mauvaises personnes". En parlant avec des gens je me suis aperçue que la plupart estimait logique qu'on ne s'émeuve pas des prisonniers qui "l'ont bien mérité"... Hors en justice française il n'y a aucune condamnation relative à la "souffrance". On retire la liberté à quelqu'un (aussi son droit de vote le temps de détention - ce qui n'est quand même pas rien, c'est l'un des grand droit du citoyen) mais à aucun moment il n'est fait mention de mauvaises conditions de vie.
Bon passons, Lyana pourquoi est-ce que tu dis que ta soeur seras (selon l'impression que tu as) musulmane ?
Peut-être étais-tu comme elle petite.
Je pense que tu dois être honnête avec ta mère. Elle aura plus de peine d'apprendre après-coup que ton attitude quand elle était là était un "mensonge". Quand ta mère fait à manger elle ne cuisine pas de porc, donc tu n'en manges pas et tu ne peux la forcer à en manger. parallèlement si tu n'est pas croyante et que tu veux en manger, ne te prive pas (et c'est ce que tu fais). Evidemment il ne s'agit pas de provoquer ta mère mais, personnellement, je trouve ça plus respectueux (même envers la religion) d'être honnête.
Là dessus ma grand-mère (pourtant opposée farouchement au divorce, à l'avortement, au mariage gay, etc.) m'impressionne : elle préfère que ses enfants ne se marient pas à l'église s'ils ne sont pas croyants. Finalement elle respecte tellement sa religion que ça la dérange, même s'il s'agit de sa famille, de voir des gens "mentir" (Faut écouter aussi le discours du prêtre le jour du mariage : promesse d'élever les enfants dans le respect de la religion,... sans oublier les séances d'entretient avec le prêtre avant le mariage). Au final, en ne me mariant pas à l'église je choquerait plus ma grand-mère non pratiquante que ma grand-mère pratiquante, c'est un comble.
Et Kitty ça doit être assez "lourd" de garder ça pour toi, non ? Je comprend ton malaise surtout si ta mère est ouvertement opposée à toute croyance religieuse. En lui parlant tu risques d'être confrontée (et c'est valable pour Lyana aussi) à tout un tas de tentatives pour te faire changer d'avis (j'en connais qui serais capable d'envoyer leurs enfants chez le psy) et ça risque d'être pesant. Comme pour Lyana j'ai tendance à privilégier l’honnêteté au sein des familles (à ne pas confondre avec l'envie de toujours tout dire à tout le monde) ce qui permet d'éviter en partie l'accumulation de haine, de regrets et de frustration.
Peut-être que ta mère est moins véhémente que ce qu'elle t'offre à voir. Peut-être l'aideras-tu à comprendre qu'être croyant ce n'est pas être un mouton.
Tout ira bien