Coucou,
Voilà un sujet sur lequel je peux m'exprimer en connaissance de cause.
Déjà petite précision de circonstance pour les non-initiés :
Le végétarisme/être végétarien :
Exclure de sa consommation la viande et les poissons (quoi que je connais certains végétariens qui consomment du poisson) - en fait tout être vivant faisant partie de la chaîne animale donc pas d'escargot, par de cuisse de grenouille, pas de crevettes, etc.
Le végétalisme/être végétalien (ou végan de leur petit nom) :
Exclure de sa consommation tout produit animal, obtenu grâce à une mise en "esclavage", on rajoute à la liste des végétariens les oeufs,le miel, le cuire, les produits laitiers (bye bye les fromages et les yaourts) et j'en passe.
Et j'ajouterai la case Flextitarisme / être flexitarien :
Globalement et grossièrement ça consiste à être végétarien 80% du temps. Souvent critiqué comme de "faux végétariens" oubliant la cause animale quand ça les arrange c'est en fait une version plus soft du végétarisme plus attaché à l'idée d'une consommation éco-responsable qu'un dégoût de la viande en tant que telle.
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J'ai décidé, assez brutalement d'ailleurs (enfin - je crois que c'était suite à une longue réflexion plus ou moins consciente mais la décision en elle-même à été très vite suivie d'actes), de diminuer drastiquement ma consommation de viande il y a un an et demi.
Je ne suis pas végétarienne et ne songe pas vraiment le devenir (même si je n'exclue pas la possibilité de ...) mais je suis "flexitarienne" - (drôle de néologisme je vous l'accorde). Le principe : ne pas manger de viande sans que ça ne devienne trop contraignant. Comprenez : ne pas en cuisiner chez soi, ne pas en prendre quand on a le choix tout en acceptant d'en manger quand on est invité chez des amis (c'est toujours délicat de se pointer chez quelqu'un pour un végétarien et... de bouder tous les plats), au restaurant ou tout simplement pour se faire plaisir une fois de temps en temps.
Ma décision découle d'une série de reportages, d'une prise de conscience de l'impacte de notre consommation sur le monde et sur notre conception même du monde.
J'ai été élevée dans une famille adorant la viande, plus globalement la bonne nourriture, les bons plats en sauce, qui collectionne les recettes traditionnelles alsaciennes (généralement constituées d'une certaine quantité de charcuterie) etc. Mais plus globalement je vis en France et n'importe quel livre de recette propose des plats à base de viande. Dans les restaurant les frites, les pâtes, les légumes, la salade sont des "accompagnements". N'avoir sous la dent qu'un plat de riz et légumes et on vous demande "Et ça va avec quoi ?". Voilà, tout simplement, la viande est reine à table, elle est le pivot central qui permet au repas de s'articuler, les autres ingrédients se choisissent en fonction d'elle.
Sauf que c'est passablement incohérent. Déjà l'argument des "traditions culinaires" ne tient pas puisque avant la viande à bas prix est un principe économique relativement récent encouragé par la main-mise des grandes entreprises du secteur viande sur les politiques agroalimentaires - nos grands-parents en mangeaient certes beaucoup déjà mais la qualité même de la viande servie à table était autre, on ne parle pas là de steak-hachés surgelés à 30% de matières grasses et x% d'eau (qui fait que d'un steak de la taille d'une main à la sortie du congélateur on se retrouve avec une semelle de la taille d'une paume d'enfant à la sortie de la poêle) mais bien de beaux morceaux de viande de chez le boucher, alors seul commerçant de viande.
Puis, aujourd'hui, je trouve ça absolument aberrant qu'une vache vive "mieux" (avec plus d'argent par jour) que certains êtres humains dans le monde. Voilà, reportage choquant - non pas les visions écoeurantes d'un égorgement - "Qu'est-ce que souhaiterais être un homme indien ? - Une vache européenne, qui vit avec plus de deux euros par jours" cet état de fait m'a vraiment troublé. Comment en arrive-t-on à se lamenter sur la faim dans le monde... tout en encourageant un système qui favorise la perte des ressources alimentaires dans la production de viande ?
Une vache, un boeuf, un porc (un porc est abattu toutes les deux secondes en Allemagne)... tout ces animaux sont de gros consommateurs de céréales et d'eau. En plus d'utiliser ces ressources, déjà rares, pour une quantité finale de nourriture assez faible les politiques d'aide au secteur viande favorise les bas coût des céréales et soutiennent les éleveurs en les déchargeant d'un grand nombre de taxe - de façon à faire baisser le prix de la viande ce qui permet aux industriels de l'agroalimentaire d'en acheter plus, moins cher et de nous en proposer à tous les repas.
Comme disait une employée d'une de ces entreprises : "le secteur européen est saturé - maintenant on s'intéresse aux pays émergeant". Oui nous sommes saturés. Avant que je ne me pose la question. Avant que je ne réalise qu'en fait on avait un besoin de protéines précis et qu'on crevait ce besoin. Avant cela je n'avait pas remarqué que je mangeais de la viande deux fois par jour.
Pendant longtemps je me suis dit "arrêter ? Impossible ! J'aime trop ça". Car oui, c'est bon la viande. Ça se cuisine bien, ça se marie avec tout et il y en a pour tous les goûts. Et puis on en mange tous les jours alors pourquoi changer ? Il nous font braire ces écolos à vouloir tout changer !
Sauf que, la motivation étant venu, j'ai arrêté de pleurer sur ma supposée incapacité à et j'ai essayé. Les débuts furent laborieux. C'est simple, vu mon budget d'étudiante j'avais le choix entre steak-haché premier prix/jambon/oeuf - j'ai rayé les deux premiers choix pour prendre le second - tout le temps.
Oui pendant plusieurs semaines j'avais une consommation d'oeufs assez impressionnante.
Puis, peu à peu, je me suis détachée du modèle "féculents/légumes = accompagnements" et j'ai cherché à sublimer ces aliments. Mes épices ont doublé en nombre et en variété, de même que mon panier de légume s'est étoffé. Aujourd'hui je m'amuse avec un simple plat de pâte que j'ai appris à assaisonné différemment - et je n'en suis qu'aux prémices de la découvertes gustatives
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Finalement si j'avais un message à faire passer ce serait de ne pas être trop butté par l'idée de diminuer sa consommation de viande. Evidemment il ne faut pas prendre cette décision sur un coup de tête, je crois que ça ne peut être que bien vécu si l'idée est motivante - elle ne peut être imposée et elle implique un certain nombre de changements qui nécessite de se sentir soi-même engagé. On peut diminuer sa consommation de viande pour de multiples raisons. On peut cesser d'en consommer totalement et pousser la privation jusqu'au végétalisme et ainsi supprimer de son quotidien tout aliment/objet obtenu grâce à l'asservissement animal. Le plus important étant que la cause que vous défendez vous soit propre et vous motive.
Afin d'éviter de mettre trop durement à l'épreuve votre motivation il vaut mieux commencer doucement - un seul repas par semaine sans viande. Au début c'est casse-tête, on ne sait pas trop quoi faire. Puis peu à peu augmenter ces repas. Parfois le dégoût de la viande arrive alors qu'on ne cherchait pas forcément à cesser toute consommation carne.
Puis, peut-être, attendre d'être autonome. Certains ado arrivent à prendre cette décision et à l'imposer à leur famille. Si vous ne vous réveillez pas un matin en ayant la nausée rien qu'à l'évocation d'un mcdo ne prenez pas votre famille en otage. Chez mes parents c'est très compliqué pour moi de conserver mon régime particulier parce que mon discours ... ne convainc que moi. Je dois alors accepter, simplement, de ne pas pouvoir imposer quoi que ce soit, quand bien même je suis moi-même très épanouie.