par Léo Blue » 15 Jan 2017, 16:10
Je viens de finir Le Corps exquis de Poppy Z Brite.
Je l'ai trouvé génial et je vous poste l'article que j'ai écrit dessus pour Wattpad parce que...parce que ce roman est génial et que j'ai la flemme de réécrire un paragraphe pour le prouver alors que j'ai un article tout fait.
Hello !
Aujourd’hui je vais vous parler d’un roman que j’avais très brièvement abordé dans un de mes tags et que je viens de finir. Comme l’indique le titre il s’agit du Corps exquis de Poppy z Brite et je vous mets le résumé juste en dessous :
Perversion des âmes et poésie du macabre au service d'une des fictions les plus noires jamais publiées sur les serial-killers : sans concession, choquante, répulsive. Un roman fascinant et extrémiste. Un livre violent dont aucun lecteur ne sortira indemne.
…j’adore ce genre de résumé qui ne vous apprends presque rien sur l’histoire que vous allez lire. Dans ce cas deux solutions : le lecteur achète car il est curieux ou alors il ne veut pas prendre le risque de dépenser de l’argent pour quelque chose qui pourrait lui déplaire et il le repose.
L’histoire :
Ce roman ce centre sur quatre personnages : Jay, Andrew, Tran et Luke.
Les deux premiers sont des tueurs en série respectivement cannibale et nécrophile, le premier vivant à la Nouvelle Orléans et le deuxième venant de Londres. Tran est un jeune homme vietnamien, ancien amant de Luke, qui éprouve une forte attirance pour Jay. Et Luke, ais-je besoin de préciser « ancien amant de Tran » ?, est un homme d’une trentaine d’année séropositif assez dérangé. Notons que les deux derniers personnages vivent également à la Nouvelle Orléans.
Nous suivons donc l’histoire de ces quatre personnages avec une petite particularité : si les chapitres du point de vu de Jay, Tran et Luke sont racontés à la troisième personne, les chapitres du point de vu d’Andrew sont eux raconté à la première personne. Cela peut sembler un peu étrange et je dois dire qu’au début c’était assez déroutant de passer d’un chapitre à « je » à un chapitre à « il ». Mais au final c’est assez logique.
Et là je vais spoiler, désolé. Le roman s’ouvre avec Andrew et se termine avec lui. J’ai eut l’impression que le « Je » était une sorte de façon de montrer qu’Andrew allait être le seul à réchapper de cette histoire. Cette impression est accentuée par une phrase qu’il dit à l’une de ses victimes avec l’avoir tué : « Ta vie est entrée en collision avec la mienne et tu n’as pas survécu au choc, tout simplement ». Elle colle parfaitement avec l’ensemble du roman. La vie d’Andrew à percuté celles de Jay, de Tran et de Luke et aucuns n’a survécu au choc. Donc pour moi le « Je » est une manière de dire qu’Andrew est le vrai narrateur ici, qu’on ne suit l’histoire des autres que parce que ça permettra de mieux raconter et comprendre la sienne.
On peut également noter que la rencontre en Jay et Andrew arrive très tard dans le roman. Je l’ai rendu à l’ami qui me l’avait prêté donc je ne peux pas vous dire après exactement combien de page à lieu leur rencontre mais elle se fait après la moitié du roman. Au départ j’étais un peu sceptique et puis j’ai réfléchi pour au final me rendre compte que c’était une bonne chose.
Lorsque les deux tueurs se rencontrent ils se mettent aussitôt ensemble et dit comme cela on pourrait penser à un défaut d’écriture. Mais non parce que durant plus de la moitié du roman l’auteur insiste sur une chose : leurs solitudes. C’est la raison pour laquelle Jay mange ses victimes, pour les garder en lui, les faire devenir une partie de lui-même. Et c’est pour la même raison qu’Andrew les garde avec lui après leur mort, pour avoir de la compagnie. Donc lorsqu’ils se rencontrent finalement il en devient logique qu’ils restent aussitôt ensemble.
Cette rencontre tardive accentue encore la phrase que j’ai cité car à partir du moment où ils se rencontrent tout s’accélère.
Le roman se penche également beaucoup sur la question de la séropositivité ce qui, étant donné qu’il fut édité en 1996, est assez logique. A cette époque on n’était plus au début de cette maladie mais l’auteur a quand même connu ses débuts. Dans le roman on se situe au début des années 90 c'est-à-dire au début de la maladie. L’auteur met souvent en opposition la génération de Luke, Jay et Andrew qui ont vécu quelques années sans cette menace et celle de Tran qui vit avec. D’ailleurs, j’avais oublié de le préciser, mais Andrew est également séropositif et Jay pourrait l’être également étant donné qu’il est dit dans le roman qu’il ne fait pas de tester et ne se soucie pas de se protéger.
Avant d’aborder plus en détail les personnages j’aimerais terminer avec les scènes de sexes qui sont très, voir omni, présentes dans le roman. Alors à ce sujet j’avais deux peurs : qu’elles ne soient pas assez détaillés et donc cassent l’esprit du roman ou alors qu’elles le soient trop et tranchent avec le reste du récit. Au final elles réussissent à trouver un juste milieu et doivent leur côté détaillé à leur vocabulaire souvent très crû. Sinon elles s’intègrent bien dans le roman et servent à chaque fois l’intrigue.
Les personnages :
Alors je ne vais pas les traiter séparément mais deux par deux, c'est-à-dire couple par couple, et nous commençons par Andrew et Jay.
Ils ont des personnalités assez semblables. Outre la solitude qu’ils éprouvent ils ont tout d’eux une personnalité dominante et de très, mais alors très légère, pulsions meurtrières. Leur plus grande différence réside dans le contrôle qu’ils ont sur eux même. En effet Jay est beaucoup plus prudent qu’Andrew, ne tuant que lorsqu’il est certain de ne pas pouvoir se faire prendre. C’est d’ailleurs pour ça qu’il luttera tout au long du roman pour ne pas s’en prendre à Tran et réussira à se contenir de le tuer…jusqu’à l’arrivée d’Andrew qui lui, se fichant de la prudence, l’encouragera à le choisir comme victime.
Je vous ais dit qu’il y avait pas mal de scène de sexe dans le roman et il est intéressant de noter qu’elles ne sont presque absentes entre ces deux personnages. En effet c’est bien plus le meurtre qui les relie que le sexe.
D’ailleurs il est bon de préciser que les deux sont des « dominants » au lit et que je me suis demandé comment ça aller se goupiller entre eux. Et comme le reste l’auteur à très bien fait les choses en choisissant la seule option réaliste : un presque viol. Oui je dis presque car Jay finit par se soumettre et par accepter d’être dominé mais cela commence réellement comme un viol. Et si je parle de réalisme c’est parce que le personnage de Jay, même s’il est plus soumit qu’Andrew, plus humain peut être aussi, reste un dominant et qu’il ne se serait jamais soumit volontairement, surtout en sachant qu’Andrew tue ses amants.
En parlant de ça. Les deux disent à de nombreuses reprises que leurs amants ne sortent jamais vivant de leur lit alors le simple fait qu’ils arrivent à coucher ensemble sans qu’il n’y ait aucun mort montrent une nouvelle fois la force de leur lien.
Mais, comme je l’ai dit plus haut, c’est surtout par le meurtre qu’ils communient. En effet la première chose que fait Jay après avoir découvert qu’Andrew est comme lui ce n’est pas de ce jeter sur lui pour faire des bébés, non, c’est de l’emmener dans la pièce où il garde les cadavres de ces victimes pour lui en offrir une. Cela donnera lieu à une scène très intime où, après qu’Andrew ait fini de profaner le cadavre, Jay ira jusqu’à manger les parties du corps du macchabé qui ne sont collés sur la peau d’Andrew. Bon, dis comme ça c’est dégueulasse et dans le roman ce n’est pas beaucoup mieux mais cette scène montre très bien la force du lien qui les unit.
Passons maintenant à Tran et Jay. Cette relation, sur laquelle je vais moins m’étendre, est particulièrement bien faite car elle introduit une espèce d’ironie morbide dans le roman. Dés la première rencontre entre les deux personnages on sait que Tran va mourir. On ne sait pas quand, on ne sait pas comment mais on sait qu’il ne survivra pas. L’auteur arrive à nous faire aimer ce personnage tout en ne nous faisans pas haïr Jay qui veut pourtant le tuer. Cette relation permet aussi de bien caractériser ce dernier.
Et enfin Tran et Luke.
Alors si Jay et Andrew sont des psychopathes ces deux là ne sont pas vraiment mieux. Bon commençons par le moins pire : Tran. Avec son attirance malsaine pour les tueurs en séries, le fait qu’il deale de la drogue et en prenne de temps en temps il est le personnage le plus normal du livre. Par contre Luke c’est un autre type d’oiseau. Je dirais même que par certains points il est encore pire que nos deux tueurs en séries.
Déjà il est séropositifs ce qui, vous me direz n’est en aucun cas un défaut ou une raison de penser qu’il est pire que des tueurs. Certes. Mais si je vous dis que Tran l’a quitté parce qu’il a tenté de le contaminer volontairement ? Et si je vous dis qu’il bosse dans une radio clandestine où il tient des propos haineux à la chaîne ?
Pour en revenir à la séropositive une chose m’a particulièrement choqué : lorsqu’Andrew et Jay couche ensemble Andrew, qui est pourtant un sérial-killer, pense à mettre un préservatif car il ne veut pas contaminer son partenaire alors que Luke lui a tenté de contaminer son amant. Qu’un tueur en série est plus de considération pour le mec qui partage son lit qu’un homme « normal » me fait me poser des questions sur la « normalité » de ce type.
La relation de Luke et de Tran est d’autant plus malsaine qu’elle avait plutôt bien commencé. Trans jeune homme innocent et vierge rencontre un homme plus âgé qui tombe amoureux de lui. Ils vivent heureux ensemble, gazouillent, font l’amour, il y a des papillons et des licornes qui volent partout…Enfin non pas vraiment puisqu’ils essayent aussi pas mal de drogues ensembles et que Luke écrit des poèmes un peu étrange à Tran, mais bon dans l’ensemble c’est une relation amoureuse normale.
Et puis arrive la séropositivé. C’est elle qui fera tout déraper. En effet Tran est très jeune, à peine majeur, voir son amant mourir à petit feu est trop dur pour lui et le jour où il tentera de le contaminer cela en sera trop pour lui et il partira.
Si je parle de malsain c’est aussi parce que Tran est toujours attiré par Luke. Même s’il ne dirait pas non pour coucher avec Jay ce dernier n’est qu’un remplaçant.
Il y a aussi quelques personnages secondaires mais justement trop peu présent pour que j’en parle.
La manière d’écrire :
Je ne vais pas parler beaucoup sur ce sujet car je n’ai pas lu la version anglaise du roman, seulement celle traduite.
Néanmoins je peux dire que le style de l’auteur colle parfaitement avec le roman. Le vocabulaire oscille entre le courant et le familier ce qui n’empêche pas d’avoir de très jolies tournures de phrase à certains moments.
Les descriptions des cadavres et des divers meurtres sont également parfaits. C’est crû, l’auteur ne vous épargne rien mais en même temps si elle avait censuré cela aurait donné l’impression qu’il n’assumait pas ce qu’il écrivait. Le meurtre de Tran en particulier est assez dur à lire, surtout pour moi qui ne suis pas fan de sang et de tripe, mais étant donné qu’il s’agit de l’acte le plus important du roman c’est assez logique que l’auteur y accorde autant d’importance.
Et voilà.
J’espère que cela vous aura donné envie de lire ce roman ainsi que les autres de l’auteur !
Anciennement Elisha Blue.