par Seven » 10 Déc 2010, 23:37
[quote="Hana K."]Il m'arrive un truc super bizarre (et j'en suis assez triste).
Mon père est mort il y a deux ans je n'ai pas laisser transparaître ma douleur mais je la ressens de temps à autre. Parce que je suis l'aînée de la fratrie.
Depuis quelques temps, j'oublie le son de sa voix, les contours de son visage (heureusement il y a des photos de lui à la maison mais elles ne le remplacent pas pour autant), les moments passés avec lui...
Je me sens mal et pourtant je n'aime pas en parler, je sais que c'est mauvais mais je ne peux pas en parler aux gens qui me sont chers. J'ai peur qu'elles me rejettent même si je sais qu'elles m'aiment.
Je ne sais pas quoi faire pour rien que le son de sa voix me revienne, l'entendre sur une casette ne me fait que du mal parce que je sais que ce n'est pas sa vraie voix.
Je sais que la vie pour ma mère n'est pas facile parce qu'il faut dire la vérité : je ne suis pas facile à vivre.
Pourtant je sais qu'elle fait beaucoup de sacrifice pour nous, j'ai jamais réussi à lui dire "je t'aime" (de simples pourtant si durs à prononcés)
Je sais même pas si mon père savait que je l'aimais, j'ai jamais réussi à lui dire non plus.
De toute façon chez nous les sentiments...
Vous savez c'est la première fois que je dis ça et franchement ça me soulage.
PS: faut pas avoir pitié de moi (je trouve toujours le moyen de penser à autre chose mais en ce-moment ça me fais vraiment du mal)[/quote]
Oh... Quelqu'un qui a eu quelque chose d'assez similaire...
Je ne sais pas si moi je saurais te conseiller vu que j'avais, j'ai et je pense que j'aurais encore des problèmes vu que je ne sais même pas les définir clairement.
Pour situer, j'ai perdu mon père à l'âge de 12 ans, dernière semaine de juin, avant la remise des bulletins, débuts des pires vacances que j'ai pu vivre... Le problème, c'est que moi, je suis le dernier enfant (de mon père). Ce qui fait que je n'ai que très peu connu mon père et je suis le seul à ne pas avoir vécu vraiment avec lui. Disons que je n'ai jamais passé un mois entier à vivre avec lui (depuis mes 3 ans et bon, on ne se souvient pas de cette période). Et ma mère passait des épreuves très dures et s'est avérée très distante avec moi (je crois qu'elle n'en était pas consciente). Je ne me souviens pas d'un câlin, j'ai du mal à me souvenir même d'un câlin de mon père, si ce n'est pas un fantasme que je ne me mets pas en tête.
Enfin, soit, ce qui m'a le plus dérangé dans toute cette histoire, c'est qu'avant sa mort, je ne l'avais pas vu pendant des mois. Et il me dit par téléphone que je pourrais le voir plus souvent 8D. Le sourire et l'émotion que j'ai du avoir a du être magnifique à cet instant.
Résultat : une semaine plus tard, je suis réveillé par une sonnerie. J'entends une voix en pleur au téléphone, ma soeur, il est 2h15 du matin. Et voilà, je sais la grande nouvelle.
Je crois que je n'ai jamais dit non plus à ma mère que je l'aimais, je ne la prends que rarement dans mes bras. C'est le cas d'ailleurs avec tout le monde. A part deux de mes soeurs, avec qui ça ne me paraît pas si insurmontable. Son corps, je ne peux l'oublier, vu que j'ai des photos de lui. Par contre, sa voix... Je ne m'en rappelle plus. Et je ne le connaissais pas vraiment de son vivant. Il y a des moments que je regrette, des moments où le gamin n'a pas envie d'aller marcher dehors avec son popa parce qu'il a envie de regarder le dernier épisode de DBZ. Les moments où t'as la flemme de partir en balade, que tu râle tout le chemin parce que ça ne te plaît pas.
(Je sais par contre qu'un moment, il m'avait dit au cimetière "Arrête d'utiliser ton pistolet pour faire semblant de pleurer devant la tombe à ta grand-mère. Si tu pleure pas, ben tant mieux.")
Je ne sais pas s'il faut faire quelque chose de particulier pour s'en sortir. Par rapport à mon père, je m'en suis sorti. Ecrire tout ça me fait un peu, même beaucoup sourire.Tout ça, parce que je me retiens de sortir toutes ses phrases peu "recommandables" à sortir.
Exemple en spoiler:
[spoil]"Bon, si je dois venir à mourir. Ne vous cassez surtout pas la tête hein. Vous m'emballez dans un sac, vous m'enterrez et c'est terminé ! Vous faites une petite fête en mon honneur et c'est terminé !"
Il est décédé d'une crise cardiaque après s'être tapé un délire avec le médecin...[/spoil]
C'est seulement que je suis devenu tellement froid au niveau de l'expression de mes sentiments que dire des choses comme "Tu me manques" "Il se pourrait que j'éprouve des choses pour toi" "Je t'aime" (Même l'écrire comme ça, c'est déjà bizarre là) m'est très dur. Maintenant, ça passe même à la suppression partielle du sentiment. Je n'arrive pas à tomber amoureux ou même à m'intéresser à quelqu'un parce que ce virus vient m'éradiquer le sentiment au bout d'un moment.
Je ne sais pas si j'ai envie d'aller chez un psychologue. Ce n'est pas que je les généralise tous. Mais la dernière fois que j'avais été, ça avait mal terminé (Quelques uns ici doivent savoir de quoi je parle. Je ne suis plus sûr.). Et avec ma soeur aussi, ça n'a aboutit à rien. Alors, j'essaie de jouer aux mécanos émotionnels pour réparer tout ça. Mais je crois que je me suis totalement égaré dans le chemin.
Pour me mettre dans l'ambiance du topic, je suis... en colère contre moi-même pour ne pas avoir la force de trouver une solution et de débrider ce que j'ai.
Désolé pour les yeux, je viens de regarder en aperçu et ça a l'air fameux ce que j'ai pondu. Mais j'aime tellement les gros trucs comme ça... Et je viens de me rendre compte que j'ai préféré écrire cette grosse brique avant d'envoyer mon "Tu me manques"... Hahaha ! Qu'est-ce que je m'aime n'empêche ! (C'est sincère... C'est ça le pire dans l'histoire)
Learn to drive. Get a job. Go to work. Get a girlfriend. Have Children. Follow fashion. Act normal. Walk on the pavement. Watch T.V. Obey the law. Save for your old age.
Now repeat after me : "I AM FREE"