par loéva-mat » 18 Fév 2012, 12:14
L'orientation est une question un peu perverse.
C'est quand même triste de voir des collégiens être stressés et devoir déjà choisir leur futur métier.
C'est un peu le problème en France (et globalement "en occident") de considérer les études non pas comme un temps d'apprentissage et de découverte mais comme la "passerelle" pour devenir un "bon travailleur". Du coup la question qui devrait être "qu'est-ce que j'ai envie d'apprendre ?" se transforme en "où est-ce que j'aurais le plus de débouchés ?".
Comme on est dans une période pro-scientifique (il y a encore peu de temps être auteur, philosophe, poète était le summum - en comparaison un médecin était un "simple" artisan) qui vante tout ces domaines la les parents marchent généralement à fond avec la "doctrine" dominante.
Je ne vois pas trop l'intérêt d'aller dans une filière qui ne nous plait pas, dans laquelle on va souffrir au lieu de s'épanouir pour faire plaisir à la famille ou avoir plus de chance d'être prit dans l'école que l'on vise.
Dans tous les cas, si vous voulez parler métier, vous aurez plus de chance d'être accepté dans une école si vous vous êtes épanoui en cours parce que cela se voit (notes, appréciations, lettre de motivation, ...).
J'aurais tendance à déconseiller à tout le monde de s'accrocher à un métier.
Déjà il faut prendre en compte le risque de ne pas y arriver (pas un dossier assez "bon") ce qui peut être très décevant si, depuis ses 14 ans, on fait une fixette sur un job en particulier.
Puis, tout bêtement, on se rend souvent compte que le métier choisit ne nous convient en fait pas du tout. Alors imaginez vous faire une filière que vous finissez pas détester pour finalement vous rendre compte que votre "but" n'est est plus un.
Après le bac les réorientations sont TRÈS nombreuses.
Si je vous en parle c'est que j'en ai moi-même fait les frais. Je pensais être faite pour l'aménagement d'espaces - bam ! Dès la mise à niveau en arts appliqués je me suis rendu compte que ce n'était absolument pas fait pour moi.
Heureusement que j'ai adoré mes années de lycée en faisant la filière et l'option qui me plaisait donc j'ai vite pu trouver une autre "voie" mais si j'avais dû me forcer à aller en L option Art et théâtre pour finalement me retrouver sur la touche, incapable d'aller en médecine... je crois que j'aurais finis en dépression.
Donc quand les profs, dès le collège, vous conseillent de trouver votre futur métier... ignorez ce conseil. Bien entendu si vous avez flashé sur un métier pensez y mais ne vous forcez pas à souffrir pour un avenir dont vous ignorez tout (même le stage d'une semaine de 3° n'est pas suffisant pour avoir un aperçu du métier ET des études). Concentrez vous surtout sur ce qui vous plait. Ces matières où vous sentez une "étincelle" en vous, où aller en cours n'est pas un calvaire.
En suivant ce "petit truc" je me suis retrouvée à adorer mon année de terminale quand d'autres se traînaient pour aller en cours.
Donc quand vous devez faire le choix d'une filière ou d'un établissement - écoutez vous. Evidemment si les prof vous déconseillent un bac général ne vous obstinez pas. Prenez aussi en compte vos notes. Si j'avais suivit mon coeur sans avoir le niveau ça aurait mal finit (c'est pas drôle d'être à la traîne, d'avoir les pires notes de la classe, de redoubler... même si le contenu des cours nous plait).
Bon ma théorie sur l'importance du plaisir d'apprendre est un peu utopique (surtout à défendre devant des parents qui pensent déjà à votre futur salaire alors que vous avez 15 ans (et qu'on ignore tout de la situation économique future)) donc à prendre en parallèle avec d'autres façon de choisir.
En tout cas posez vous souvent la question de ce qui vous plait dans telle ou telle matière. Faite bien la distinction entre une matière intéressante et un mauvais prof. Certains ne vont pas en L parce qu'ils ont eu une prof de français minable alors qu'au fond ils aimaient bien la matière.
Ne choisissez pas vos options en fonction de ce qu'il se dit question rythme de travail. Il y avait des étudiants en art plastique qui étaient là parce que "en art il n'y a pas de devoirs !" - ils s'en sont bien mordu les doigts.
Evidemment en S on vous apprend à être plus régulier - les devoirs sont quotidiens, d'un cous à l'autre, et nécessitent de se mettre à son bureau tous les soirs.
En L on vous apprend à être plus autonomes. Certains profs appliquent la logiques des "devoirs facultatifs" (on ne vous punira pas si vous ne les faites pas... mais ceux qui les font seront sacrément encouragé dans leur dossier - donc il faut une sacré volonté), il y a peu de devoirs donnés d'un cours à l'autre (donc régulièrement vous rentrez chez vous avec votre agenda "vide") mais quand il y en a ils sont en général bien lourds (dissertation de philo - minimum 8h de travail) et il y a une grande partie du travail qui doit se faire seul (lecture complémentaire (et il n'y a pas toujours de liste - c'est à vous de repérer les auteurs importants et de prendre la décision de les lire), visites de musées, cinéma d'art et d'essai (les fameux films polonais en VO ^^), etc.).
Je ne parlerais pas de la filière ES je ne la connais pas.
J'ai envi de dire : en S si on réussi on est forcément un travailleur régulier mais en L on peut réussir sans avoir forcément été une figure d'érudition. J'avais tendance à faire tous mes devoirs la veille au soir (mais je faisais ainsi parce que ça marchait...).
Après... la régularité se perd et se gagne vite. Un L faisant une prépa L ne va pas passer 6 mois à essayer de trouver un bon rythme - il n'aura pas le choix (la claque sera peut-être un peu plus violente mais soit) et un S allant à la fac d'art du spectacle perdra très vite son rythme régulier.
Si j'ai un conseille pour les post-bac : ne vous acharnez pas sur une filière si elle ne vous plait pas !
Vous vous retrouvez en fac d'histoire et c'est la grosse daube : vous arrêtez et vous commencerez autre chose. Inutile de faire la licence au complet pour éviter de faire peur à papa/maman pour ensuite vous retrouver à la case départ (ou pire ! à faire un métier qui ne vous plairait pas du tout - auxquels cas on vous retrouvera dans la partie "les mauvais prof" de ce forum par exemple).
Si j'avais dû continuer en arts appliqués par "fierté" j'aurais certainement eu du mal à avoir mon diplôme et je me serais retrouvée après 3 ans à ne pas savoir quoi faire -_-.
Quelqu'un qui trouve sa voie du premier coup a de la chance parce que l'idée qu'on se fait de certaines études ou de certains métiers est souvent utopique.
Donc pour éviter de vous retrouver dans un trucs qui ne vous plait pas et ne pas oser ouvrir les yeux : pensez large ! Ne vous focalisez pas sur 1 métier mais sur un ensemble.
J'ai fais art plastique au lycée + théâtre, je me suis dirigée vers les arts appliqués pour revenir sur de l'histoire de l'art à la fac que je complète avec une option théâtre (donc même parcours globale qu'au lycée) et ça me plait. Comme l'art l'histoire, la philo et le théâtre ont toujours été mes matières phares ça n'a pas été très dure de trouver une nouvelle orientation. Mais ça a été possible parce qu'un jour je me suis demandée ce qui me plaisait vraiment, non pas en terme de métier mais d'apprentissage.
Aujourd'hui je me demande doucement comment je vais compléter ma formation "de base" d'histoire de l'art : licence de théâtre ? Master d'histoire de l'art ? de théâtre ? Licence d'ethnologie ? Ecole sur l’évènementiel ?
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Bon et comme je suis à la fac je vais un peu défendre mon truc.
Pourquoi la fac fait peur aux parents ?
Généralement il y a une mauvaise images des étudiants : fans de soirées alcoolisés, fainéants, n'allant jamais en cours.
Et de la fac en elle-même : trop peu de cours, une administration incompétente et aucune débouchée réelle.
J'ai moins de vingt heures de cours par semaine. Cependant ! Les profs attendent un lourd travail. J'ai un prof qui préconise qu'une heure de cours = trois heures en bibliothèque.
C'est un emplois du temps pervers. D'un côté vous êtes peu sollicité en terme de présence effective et de l'autre on attend de vous un réel investissement (et puis comme vous avez le temps il faut aller au théâtre, au cinéma, au musée, aux colloques, aux débats, aux rencontres, se tenir informé de l'actualité, lire beaucoup, participer à des associations, découvrir de nouvelles langues, etc.). Donc finalement réussir à la fac c'est tout sauf être fainéant.
Bien entendu d'une filière à une autre les choses sont un peu différentes. On ne demandera pas à un étudiant en science d'aller au théâtre.
Il est vrai qu'une part des étudiants en première année sont à la fac... sans trop savoir pourquoi.
exemple très représentatif : une fille le jour de la rentrée : "j'ai choisi histoire de l'art parce que je crois que j'aime bien l'art"... Bon ma cocotte tu vas n'avoir QUE des cours d'histoire de l'art donc j'espère pour toi que, effectivement, ça te plait.
Et oui - c'est le gros détail de la fac : pas de matières différentes... enfin pas comme on l'entend jusqu'au lycée. C'est du 100% - on vous apprend à devenir spécialiste.
Donc en histoire de l'art : h-a antique, médiéval, moderne, contemporain / Renaissance italienne, Architecture, Environnements, peintures, sculptures, photographies, etc.
Et puis selon les options un peu de littérature ou de philo ou de socio...
(Il y a quand même une langue obligatoire)
Donc il y a un peu intérêt à s'accrocher bien comme il faut (ou à décrocher si vraiment ça ne va pas).
Question débouché... bah ouais ! C'est pas aussi simple que : étude de médecine = médecin. La fac propose "seulement" un socle (assez massif si on s'y met correctement) de connaissances. A compléter avec concours, école, formations, etc.
Donc ne vous laissez pas entendre dire qu'à la fac tout le monde devient prof... Même si certains font ce choix ce n'est pas le seul et unique. Seulement le diplôme de la fac ne vous donne pas un "passe salaire" ou un "passe CDI" (contrats à durée indéterminée et non pas cdi - centre de documentation et d'informations) - à vous de compléter la formation avec ce qu'il faut pour faire tel ou tel type de métier.
Vous l'avez ainsi compris la fac = études LONGUES !
Donc pas 3 ans et puis pouf j'ai un emplois mais 3 ans minimum + ? + ? et emplois.
(Cependant certaines licence, comme celle d'archéo, peuvent quand même débouché sur des emplois - ce n'est pas si fermé que ça).
Donc si vous faites le choix de la fac pensez bien que ça ne se fera pas tout seul. Vous n'allez pas apprendre un métier. Certains emplois ne nécessite pas de formations préalables (c'est comme le rythme de travail - il y a un moment où, même si on a pas été formé pour cet emplois en particulier - on s'adapte) alors que d'autres les exigent.
Et concernant les étudiants à la fac qui ne font rien... bah dès la 2° années ils disparaissent.
Pour exemple dans ma promo :
111 étudiants inscrits.
30 admis (+ de 10 de moyenne)
25 étudiants ajournés (- de 10 de moyenne, doivent passer le rattrapage)
14 étudiants ne s'étant jamais présentés aux examens
42 étudiants ayant passé une partie seulement des examens (ils leur manquent une note quelque part voir plusieurs)
On va passer de 111 inscrits en première année à une soixantaine maximum en deuxième.
Pour revenir sur un contexte plus général - si vous êtes perdu n'hésitez pas à faire des stages. Pas seulement celui de 3°. Les établissements scolaires peuvent vous donner les papiers (qu'il va falloir faire signer et par l'entreprise et par l'école) et vous permettre pendant les grandes vacances de passer 3 jours en boulangerie, 1 semaine à la médiathèque, etc.
Et comme cela été dit précédemment investissez vous en cours ! Il y a une partie des études post-bac qui nécessitent de monter un dossier et parfois les chances d'être pris sont faibles (exemple de la manaa : 600/800 demandes pour 24 places à Strasbourg) donc inutile de se la jouer glandeur parce qu'on croit qu'on va aller à la fac pour finalement - au mois de décembre en terminale se rendre compte qu'on va avoir besoin d'un dossier béton.
Je vous déconseille fortement de sécher le sport et les matières "inutiles" (maths en L / français et langues en S) - c'est souvent là que se joue la différence sur un dossier entre un élève ayant fait du "tri" et un autre s'étant investit correctement.
De façon générale - et même si certains cours ne plaisent pas - il faut minimiser la casse.
Pour Paris... bah c'est une chouette ville mais il faut bien peser le pour et le contre : loyers excessifs - grande ville (pas forcément facile pour quelqu'un qui vient d'une petit ville de s'y faire) - et parfois une mauvaise ambiance.
Les école ne sont pas "meilleures" à Paris mais elles ont globalement une meilleure réputation (mais si vous voulez faire médecin la ville de vis études importe peu / faire des études d'art est déjà mieux sur Paris). Cependant ne faites pas une fixette - des amies à moi ont du abandonner leurs rêves parce qu'elles n'avaient fait que des demandes sur Paris... et là bas la compétition est beaucoup plus rude.
Sur ce bisous !
ps : attention aux métiers à la mode qui passent à la télé... ça fait rêver beaucoup de gens qui idéalisent trop vite.
Tout ira bien