Bonsoir
Je viens relancer le débat et, surtout, me confier.
Alors j’ai beaucoup hésité à le faire, je trouvais ça trop intime pour le forum mais…finalement j’ai décidé de le faire parce que j’ai besoin d’en parler.
Je suis transgenre.
Contrairement à certaine personne qui s’en rende compte assez tôt, généralement au moment de la puberté, moi c’est venu très tardivement. En fait je m’en suis rendu compte tout au long de l’année dernière mais ce n’est que depuis cet été que je l’accepte vraiment…sans pour autant en parler à mes proches.
Je te rejoins Nymph sur le fait qu’on peut avoir l’impression que les personnes transgenre entretiennent les stéréotypes mais que pour certains c’est important de les véhiculer.
Je m’explique. J’ai un corps de fille. Mais genre vraiment. J’ai de la poitrine et des hanches et, même si je m’habille de manière assez masculine, les gens en me voyant me collent directement l’étiquette « femme ». Donc pour moi ça serait un rêve qui se réalise de pouvoir enfin avoir des attributs masculins…où tout du moins de me débarrasser une bonne fois pour toute de ceux féminins…Je parle surtout de la poitrine.
Je suis également d’accord sur le fait que certaines personnes peuvent prendre mal le fait qu’on nit l’existence des genres. Personnellement je le prendrais très, très mal si on me balançait en pleine figure que le genre n’existait et que donc, en gros, je me prenais la tête pour rien.
Voilà ce que j’avais à dire en réaction à ton message.
Maintenant je vais parler un peu plus de moi parce que…j’en ai besoin tout simplement.
Mon problème, je n’aime pas employer ce terme mais je n’en ai pas trouvé d’autre, bref mon problème est plus complexe que d’être simplement une « femme » qui se considère comme un homme. Très sincèrement je n’ai jamais prêté beaucoup d’importance au genre, avant je ne me sentais ni vraiment femme, ni vraiment homme. Alors pourquoi glisser comme ça vers le côté masculin ?
Pour une raison assez simple : je suis gay. Non, pas lesbienne mais bien gay. Ça aussi j’ai mit très très longtemps à l’accepter. Je ne trouvais pas ça normal qu’une « fille » aime les garçons non pas comme une « fille » le devait mais comme un garçon le devait. Ma phrase est très embrouillé mais passons. Durant tout le lycée je pensais simplement que c’était un espèce de fantasme honteux. Certain aiment les infermières, d’autre la douleur, moi j’aimais les relations entre garçon.
Et puis, petit à petit, je me suis rendue compte que les relations hétérosexuelle me…dégoutait. Pas dans le sens que je déteste les hétéro nan mais plutôt dans le sens que je ne voulais pas ça pour moi. Je ne trouve pas attirant de voir un homme et une femme s’embrasser, je n’envie pas les couples hétéros dans le tram. Même dans les bouquins et les séries je n’arrivais qu’à m’identifier à des couples gays.
Ce n’est que lorsque que j’ai réussi à accepter ça que j’ai commencé à me…masculinisé ? Je ne suis pas certain que ça soit le mot mais passons. En fait je suis arrivée à un constat simple : je ne pourrais jamais vivre normalement en étant un homme gay si je restais dans le corps d’une fille.
Voilà pour la prise de conscience.
Comme je l’ai dit au début de ce message je n’en ai encore parlé à personnes parce que…je trouve ça vraiment trop étrange. Si j’étais un « simplement » un homme dans le corps d’une femme –je vulgarise au maximum- je pense que j’aurais plus de faciliter à en parler mais là c’est…anormal. Je sais que je ne devrais pas penser ça mais c’est le mot qui me vient en tête lorsque je pense que je suis née dans le corps d’une femme, que ce corps est attiré par les membres du sexe opposé…mais comme devrait l’être un homme.
J’ai peur qu’en en parlant on me rétorque un truc du genre : « tu es une fille, tu aimes les mecs ? Bah fait un effort et apprends à les aimer correctement ! »
D’ailleurs j’ai rendez-vous dans un CMP (centre médico psychologique) le 3 octobre pour un premier rendez-vous avec un infermier. Je voulais voir un psychiatre à la base mais le délai d’attente était de 6 mois donc on m’a plutôt envoyé vers un infirmier. Et j’ai peur de ce qu’il pourrait me dire. J’ai l’impression qu’il va me regarder et me sortir un truc du genre : « ce dont vous me parlez mademoiselle est impossible, c’est juste un fantasme bizarre ! ».
Pour ceux qui lisent mon roman Hymne à nos masques je voulais également vous dire que ça m’a aussi permis de comprendre pourquoi je me sentais aussi proche de Sean, le héros, et pourquoi je répétais souvent que Sean c’était moi. C’est très simple : Sean est le garçon que j’aurais du être. C’est celui que j’aimerais devenir.
Lorsque j’ai demandé à Emmy, lorsqu’elle faisait la couverture, de raccourcir ses cheveux, de les onduler, de les foncer, ce n’était pas pour correspondre à l’idée que je me faisais de Sean mais bien à l’idée que je me faisais de moi dans un corps d’homme, et ça je ne m’en suis rendue compte qu’après coup.
Voilà.
J’ai l’impression, encore, que c’était trop intime pour le forum mais…j’avais besoin d’en parler.
Surtout si vous avez des questions vous pouvez me les poser et si certains sont dans le même cas et n’ont pas envie d’en parler en public n’hésitez pas à m’envoyer un MP