par loéva-mat » 01 Déc 2012, 19:39
La question de l'adoption est un peu l'argument qui fait "masse" contre le projet de loi pour le mariage homosexuel (mariage qui institue les homosexuels comme "famille").
Il y a véritablement des hordes de gens paniqués à l'idée que leur monde va s'effondrer si on permet à un couple de deux personnes de même sexe d'élever des enfants.
L'idée largement défendue c'est que les enfants seront malheureux (au moins), déstabilisés (certainement) et (même !) déséquilibrés. Il y a une véritable bataille de chiffres par enquêtes interposées ("telle étude prouve que ....", "oui mais celle ci prouve au contraire que...", "mais de toute façon votre étude est truquée...") quand on écoute les enfants élevés par des couples homosexuels (alors ça va des enfants élevés dès l'enfance par un couple homo ou ceux dont l'un des parents s'est révélé homo plus tard), qui ont monté des associations pour qu'on les entendent, ça à l'air d'aller plutôt bien pour eux.
L'exemple qui me fait rire quand je pense à tout ça c'est quelque chose que j'ai entendu ou lu -sais plus- que vu que jusqu'à présent tous les déséquilibrés et tueurs en série étaient des enfants de couples hétéro... il fallait donc (selon la logique qui voudrait interdire aux homo de fonder une famille en vertu des risques que cela entraînerai) interdire aux hétéro d'avoir des enfants.
Amusement mis à part.
Je ne sais pas trop comment ces gens peuvent se permettre de juger ainsi la "viabilité" d'une famille.
Est-ce que les deux sexes sont si importants dans l'environnement d'un enfant ?
Si c'est le cas alors il faudrait retirer les enfants de toutes les familles mono-parentales ou forcé le parent seul à se remarier (avec quelqu'un du sexe opposé, un couple normal quoi -ironie quand tu nous tient).
Je crois que c'est être totalement à côté de la plaque de croire qu'un couple homosexuel ne se pose pas cette question. Généralement un couple de lesbiennes, si elles pensent qu'une présence masculine est importante, s'assure qu'un parrain, un oncle ou un grand-père soit présent régulièrement. Et si elles pensent que non, que c'est l'amour qui est le plus important, alors il n'y aura pas de "tous les mercredi aprèm' avec tonton". A noter que personne ne vis dans un environnement purement féminin ni purement masculin. Il y a toujours des amis, des voisins ou des enseignants qui fonctionnent comme modèles à moins d'être tombé sur un couple ermite qui va dé-scolariser l'enfant et bannir la télé.
Et une autre question se pose à moi -à laquelle ceux ou celles ayant vécu sans père ou sans mère pourront peut-être répondre- souffrir de l'absence d'un père ou d'une mère c'est :
- souffrir de l'absence d'une présence masculine/féminine ?
- souffrir de l'absence d'une personne ayant participé à sa naissance ?
Et la participation à la naissance est-elle d'ordre biologique ? ("la mère qui m'a donné la vie me manque") ou d'ordre affectif ("la mère qui a souhaité ma naissance et qui aurait dû m'aimer me manque") ?
C'est quand même trois choses très différentes.
Je crois, peut-être naïvement, qu'être entouré par ceux qui nous aiment et ceux qui ont souhaité notre existence (et qui y ont participé, d'une manière ou d'une autre) est suffisant pour être épanoui ou heureux.
Ceux qui croient qu'on va bouleverser les enfants en leur faisant croire qu'une union infertile les a fait naître sape une fois de plus l'intelligence des homosexuels (Si si ! Ils sont aussi allé à l'école ! Et si si ! Ils savent réfléchir aussi !) - est-ce qu'on interdit l'adoption internationale de peur qu'un enfant noir pense qu'il est né de deux parents blancs ? Non, on sait que l'enfant sera averti. De même qu'un enfant de deux femmes ou de deux hommes saura d'où il vient (adoption partielle (il est l'enfant biologique de l'un des deux) ou totale (il n'est l'enfant biologique d'aucun des deux parents)).
Ce qui est beaucoup plus traumatisant aujourd'hui c'est de voir des enfants arrachés à l'un de leur parents parce qu'officiellement et juridiquement ce parent n'existe pas. Et la maman biologique (qui est le seul parent reconnu) peut tout à fait partir à l'autre bout du monde et interdire à l'autre maman de voir, d'approcher ou de contacter les enfants qu'elle a aimés, élevés et désirés elle aussi. Et c'est tout aussi dingue de voir que le parent non reconnu vit dans l'angoisse d'une séparation (ça doit quand même beaucoup corrompre le couple si l'un des deux a peur d'être menacé de tout perdre).
En fait je suis persuadée que la séparation des parents -peut importe leur sexe- reste l'épisode le plus traumatisant possible (même si ce n'est pas le cas à chaque fois) d'autant qu'on est dans un monde où ce "modèle" là n'est pas vraiment accepté. Dans le sens où les enfants ne sont jamais préparé, que le divorce reste une idée d'échec et d'erreur et que beaucoup de souffrance en découle. Alors je ne suis pas partisane de l'annulation du divorce mais dans un débat sur le mariage ça m'énerve de voir des gens promettre la "fin du monde" si des couples homosexuels peuvent se marier alors qu'il n'y a aucun soulèvement contre les divorces (pas de la même ampleur du moins) - comme si seuls les couples homosexuels devaient porter toute la "dégénérescence" du monde et de l'avenir de nos sociétés.
Bon évidemment il y a des divorces qui se passent bien (ou relativement bien) et où les enfants s'en relèvent vite.
Là n'est pas la question.
Donc concernant la présence masculine et féminine. Si elle est nécessaire alors je demande, en tant que citoyenne, une vérification dans toutes les familles que le papa a bien un rôle masculin (c'est bien lui qui répare les tuyaux, conduit la voiture et a le dernier mot) et la maman un rôle féminin (c'est bien elle qui surveille les notes et fait à manger).
Plus sérieusement la "présence masculine et féminine" me fait m'interroger sur ce qu'est le féminin et le masculin. C'est quoi qu'il faut comme repères ? Des stéréotypes ? Donc on va retirer des familles tous les papa qui aiment faire la cuisine et toutes les mamans qui tondent la pelouse ? ou des informations "alors mon chéri/ma chérie, laisse maman/papa t'expliquer quelque chose : bientôt il va t'arriver..."
Bon excusez-moi mais aujourd'hui avec internet et les copines les petites filles savent ce qu'est les règles avant que ça n'arrive et sur certaines questions les enfants et ado refusent de toute façon d'en parler avec leur parents. L'intervention d'un tiers ou d'un médecin pour ces questions n'est pas du tout idiot ou tiré par les cheveux.
Enfin j'ai quand même l'impression qu'on essaye d'établir des règles qui ne semblaient pas si évidentes avant. Le traditionalisme que certains défendent au travers de tout ça m'effraye un peu. L'air de rien on défend l'idée qu'il y a bien un genre de maman et un genre de papa et que ces deux composants (différents) sont absolument indispensable pour les enfants. C'est idiot et ça renferme la femme dans son statue de bonne mère et l'homme dans son rôle de gardien de la sécurité financière et physique de la famille (ce qui n'est sympa pour personne, les papa aiment aussi pouponner et "materner" leurs enfants et les mamans ont droit de faire une belle carrière sans se voir accuser d'être de mauvaises mères).
C'est intéressant puisqu'en ce moment même le gouvernement met en place tout un tas de moyens pour assurer l'égalité et la parité entre les sexes.
J'en vois souvent dire que c'est idiot de la part des homosexuels de réclamer le droit au mariage et à l'adoption parce qu'ils veulent alors faire "comme tout le monde" et c'est vraiment "triste"...
Comme si les homosexuels étaient forcément militants d'un monde différent...
Déjà le mariage ce n'est pas qu'une robe/un costume et une bague c'est aussi une protection juridique qu'aucun autre système ne garanti (le pacs ne résout pas tout, sinon il ne s’appellerait pas autrement que mariage et on n'aurait pas dû l'inventer) et la simple affirmation que tout être humain est égal en droit.
finalement ceux qui disent de telles sottises confinent les homosexuels dans un statues de personnes différentes et qui doivent l'être pour nous préserver des normes (en gros c'est bien qu'il y ai des gens différents et contre le système).
Hors les homosexuels sont bel et biens normaux (c'est vraiment triste de devoir le répéter parfois) et, comme tout le monde, rêvent de fonder une famille et d'avoir des enfants.
On les accuse donc de vouloir défier les lois naturelles pour avoir des enfants (qui, rappelons le, seront malheureux) - ils sont donc égoïstes ! Et ne souhaitent tout cela que pour eux.
Bon, prouvez moi qu'un seul couple hétéro ne se soit pas marié (aujourd'hui) pour eux et n'ai pas eu d'enfant pour leur seul désir personnel de fonder une famille. A quel moment un couple hétéro a dû passer devant un psychologue ? A quel moment lui a-t-on demander pourquoi il faisait un enfant ?
Non sérieusement aujourd'hui pourquoi avoir un enfant pour une autre raison que d'en vouloir un ?
Un couple hétéro a plus le droit de vouloir un enfant ? Et quand il en veut un ses raisons sont-elles plus nobles ? Un couple hétéro se posent-ils plus de questions sur le bonheur de l'enfant ?
Je dirai que comme c'est un véritable parcours du combattant pour les homo d'en avoir c'est que vraiment ils y ont bien réfléchi ! Donc merci de ne pas les taxer d'irresponsabilité.
Un couple hétéro qui fait un enfant sans y penser et sans être sûr de pouvoir l'élever me semble quand même plus irresponsable. Je dirai même que la non-facilité garanti, d'une certaine manière, la responsabilité et l'assurance des parents.
Mais au-delà de ça je crois que l'enfant n'est pas un bien de consommation donc on ne doit pas forcément y réfléchir comme on pense à un investissement ou à l'achat d'un logement.
Quant au "droit à l'enfant" (c'est à dire penser qu'on a le droit d'avoir un enfant, même si on n'en est pas capable) les homosexuels ne sont pas les seuls concernés. Est-ce qu'on peut accuser les couples stériles d'égoïsme ?
Au delà de ça on vit dans une société ou le "bonheur" c'est largement d'être entouré de sa famille et - donc - de ses enfants. Et je crois que chaque enfant à droit à une famille ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Au lieu d'accuser les adultes d'égoïsme il faudrait éduquer les enfants à la possibilité d'une vie sans descendance (et que ça ne relève pas d'une maladie mais bien d'un choix ou d'une possibilité). Tant qu'on offrira aux petites filles des poupées ont créera des désir de maternité et on instituera la famille comme une normalité. Et tout le monde souhaite être heureux.
Un autre élément que ce débat (en France, pas le débat du blog) a soulevé c'est la définition du mariage. J'ai soudain entendu des voix venu d'un autre temps s'élever pour m'expliquer ce qu'était le mariage et sa finalité, à savoir la procréation.
Et là mon moi petite fille s'est brisé. Alors on m'aurait menti ? Le prince sur son cheval blanc ne vient pas par amour mais pour avoir une descendance ?
Vous saviez qu'on pouvait annuler un mariage (donc divorcer) sans le consentement des deux parties si l'une d'elle refuse ou ne peut avoir d'enfant. La fondation d'une famille étant l'un des devoir du couple.
Je refuse totalement cet état de fait. Je ne suis pas un ventre, je refuse que mon futur mari puisse me menacer de divorce si je refuse d'enfanter. Je refuse qu'on nous enlève le mariage tel qu'on a envie de le concevoir aujourd'hui : un acte d'amour qui officialise une relation et la sécurise. Je m'élève contre ces voix qui détruise l'image d'amour que j'ai.
Aujourd'hui je refuse que mon sexe détermine ce que je dois être ou faire. Être femme ne veut pas dire être mère et être mère ne veut pas dire être femme.
Tout ira bien